Rythmes scolaires : plus de 40% des instituteurs en grève, selon un syndicat d'enseignant
Un appel à la mobilisation contre le retour à la semaine de 4,5 jours devrait toucher de nombreuses écoles primaires ce jeudi. Mais les syndicats ne sont pas tous solidaires de cette fronde.
Professeurs des écoles et agents municipaux poursuivent, jeudi 5 décembre, la fronde contre la réforme des rythmes scolaires qui prévoit un retour à la semaine de 4,5 jours. Soutenus par des parents d'élèves, plusieurs syndicats appellent à cette journée de mobilisation nationale pour réclamer l'assouplissement (ou l'abandon) du décret instituant la nouvelle semaine scolaire dans le primaire.
Trois mois après sa mise en œuvre dans 17% des communes (les autres attendant la rentrée 2014), la réforme destinée, selon le ministère, à mieux répartir les cours pour lutter contre l'échec scolaire reste contestée.
Quelles écoles concernées ?
Le ministère de l'Education annonce un taux de grévistes de 21,35% au niveau national. Le premier syndicat du primaire SNUipp-FSU estime que près de 42% des instituteurs ne feront pas classe. Les cantines, la garderie et les activités périscolaires sont également touchées par le mouvement, comme c'est le cas, entre autres, dans les académies d'Amiens, de Dijon, de Reims ou encore de Toulouse, rapportent nos confrères des antennes locales de France 3.
A Paris, le ministère de l'Education annonce un taux de grévistes de 22%. Dans la capitale – où la réforme est appliquée depuis la rentrée –, la mairie précise qu'un tiers des écoles sont partiellement en grève (195 écoles sur 663) et que 31 le seront entièrement. Le SNUipp-FSU annonce "plus de 30% de grévistes et au moins 40 écoles fermées".
Quelles revendications ?
Après avoir demandé un report de la réforme, qu'il avait qualifiée de "bricolage", le SNUipp-FSU réclame désormais une réécriture du décret pour l'assouplir. "Le débat sur les rythmes empoisonne l'école et je ne crois pas que l'échec scolaire va être réglé en retournant à l'école le mercredi matin", a déclaré Sébastien Sihr, le secrétaire général du syndicat d'enseignant.
FO, CGT et Sud, demandent quant à eux l'abandon du décret. Ils s'opposent à ce que les activités périscolaires non liées aux rythmes (centre de loisirs, garderie) bénéficient aussi d'un assouplissement des taux d'encadrement par les animateurs, conformément aux souhaits des maires.
Appeler à suspendre ou réécrire le décret, "c'est se tromper de cible" parce que "les difficultés" relèvent "des modalités concrètes de mise en œuvre", estime cette fois le Sgen-CFDT. L'Unsa non plus ne soutient pas cette grève qui "amalgame des revendications de toutes sortes", explique le syndicat enseignant.
La mobilisation va-t-elle au-delà des enseignants ?
Mi-novembre, l'opposition à la réforme des rythmes scolaires, mesure-phare du programme de François Hollande, s'était étalée sur trois jours et avait aussi réuni enseignants, animateurs, éducateurs, assistantes de maternelle et parents. Cette fois, les différentes structures font grève le même jour : la Peep, deuxième fédération de parents, qui avait aussi demandé un report de la réforme, a appelé les parents à manifester et a demandé "une grande concertation" sur la réforme des rythmes.
Toujours du côté des parents, la FCPE, principale fédération de parents, soutient la réforme même si elle juge qu'il aurait fallu aller plus loin.
Comment l'opposition contre-attaque ?
Les députés examinent également jeudi une proposition de loi UMP visant à laisser aux maires "le libre choix" d'organiser le temps scolaire dans leurs écoles. Soit "une porte de sortie" a encore défendu le député UMP Xavier Bertrand, invité de France 2 jeudi.
Des maires comptent d'ailleurs boycotter la réforme : "On va approcher les 1 000 maires opposés à la réforme, assure Jean-Michel Fourgous, député-maire UMP et coordinateur du collectif. "On n'a pas l'argent pour la financer et rien ne prouve qu'elle sera efficace sur les résultats scolaires."
La liberté laissée aux élus "n'a jamais été aussi grande qu'avec ce décret", a rétorqué Vincent Peillon mercredi à l'Assemblée. "Il est dommage que quelques-uns ne veuillent pas unir leur bonne volonté et mènent un combat d'arrière-garde", a répondu le ministre.
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