Reportage "Nos parents nous applaudissent" : dans les quartiers Nord de Marseille, les enfants prennent des cours de mandoline

Très populaire au début du siècle dernier, la mandoline est désormais enseignée à 200 enfants des quartiers difficiles de Marseille, à l'initiative d'un musicien réputé.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Mandolines, illustration. (MAXPPP)

C’est un vieil instrument du XVIIIe siècle qui se refait une jeunesse dans les cités de Marseille : la mandoline, ce petit luth à manche court. Grâce au projet de Vincent Beer Demander, 200 enfants apprennent à en jouer dans huit écoles des quartiers difficiles de la ville. La moitié d’entre eux a même rejoint un orchestre : l’Orchestre de Mandoline des minots de Marseille leur ouvre les portes du conservatoire.

Dans une école des quartiers Nord de Marseille, une douzaine d’élèves, assis en cercle, répète les gestes sur les quatre cordes de leur mandoline. Avant de prendre des cours, la plupart n’avaient jamais vu cet instrument, très populaire au début du siècle dernier, dans le bassin méditerranéen : "C'est un instrument vieux de Marseille", se réjouit l'un d'eux. "Je suis fier parce que ça fait bien de voir un instrument de notre ville", ajoute l'autre.

"Donner une chance à tous les enfants"

Sarah, Safia, Tafridja et Fanta sont en CE2 : "On a trop de la chance quand on fait de la mandoline !", "Moi je veux être une musicienne, c'est trop bien." "On peut faire des concerts, on en a déjà fait deux et on était fiers de nous parce que nos parents nous applaudissaient, ça faisait du bien." "En même temps, on a de la chance de faire de la mandoline parce que c'est cher."

Leurs mandolines coûtent une centaine d’euros mais elles sont prêtées gratuitement. Le musicien Vincent Beer-Demander a créé l’Orchestre de Mandoline des Minots de Marseille pour ouvrir les portes du conservatoire aux enfants et repérer des talents.

"Le but est de donner une chance à tous les enfants d'avoir accès à la musique en allant dans les quartiers, en identifiant des enfants qu'on n'aurait jamais pu identifier parce qu'ils n'ont pas forcément accès à l'information que le conservatoire est un établissement public et gratuit"

Vincent Beer-Demander

à franceinfo

"Là, on leur donne la possibilité d'avoir les mêmes chances que les enfants qui sont bien informés. Je prends l'exemple, cette année, d'un petit guitariste, qui s'appelle Mohammed, qui a réussi le concours d'entrée au conservatoire à 6 ans. On est très fiers de faire ce travail", ajoute Vincent Beer-Demander.

La professeur de mandoline, Catherine Arquez, confirme cet enthousiasme : "Il y a des émotions même dans les yeux des parents, de fierté. Parce qu'ils arrivent au conservatoire et certains n'auraient jamais pensé pouvoir venir, même visiter, jeter un coup d'œil." Grâce à ce projet, des enfants vont même bientôt pouvoir partir à Naples et à Madère à la rencontre d’autres petits apprentis mandolinistes.

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