: Reportage "Il faudrait un système extrêmement facile, extrêmement rapide" : le déploiement d'une force mobile ne fait pas l'unanimité auprès des personnels des établissements scolaires
Menaces visant les établissements scolaires, via des piratages des espaces numériques, violences visant des professeurs ou chefs d'établissements... L'actualité montre que l'école est parfois mise à mal. La ministre de l'Education nationale a voulu marquer le coup, vendredi 29 mars, lors d'un déplacement dans un lycée à Bordeaux qui avait lui-même été ciblé récemment. Nicole Belloubet a notamment fait deux annonces. Désormais en cas de plainte d'un établissement ou d'un professeur, suite à des faits de violences ou de cybermalveillance, l'Etat se constituera automatiquement partie civile. Une force mobile scolaire va également être créée à la rentrée prochaine. Après ces annonces, les réactions sont mitigées.
Devant un collège du XVe arrondissement parisien, la sortie de la ministre surprend même ces enseignantes de français et d'anglais : "Pour l'instant, on gère ça tous seuls. C'est vrai qu'une aide de l'Etat, c'est avec grand plaisir." Parmi les deux mesures annoncées, ces deux professeurs semblent plus convaincues par le soutien judiciaire. Un soutien symbolique mais nécessaire selon elles : "Nous sommes contentes de savoir que l'Etat se mettra dorénavant de notre côté. Ça nous rassurera dans notre pratique quotidienne. Quand on porte plainte c'est jamais évident. Quand on est accompagnés, que ce soit du chef d'établissement ou d'un collègue c'est toujours un plus. Alors en plus de l'Etat, effectivement on ne peut pas dire non."
"On doit y faire face tous les jours"
Dans cet établissement, aucun accident majeur n'a été signalé récemment mais ces enseignantes sentent le climat se détériorer, se tendre, notamment autour des questions de laïcité : "C'est quelque chose qui fait partie de nos préoccupations quotidiennes et on doit y faire face tous les jours : rappeler les règles, rappeler ce que c'est, la définition, le respect en tout point..."
Quant à la force mobile, cette équipe qui doit être déployée en cas de difficultés dans un établissement et composée d'une vingtaine d'agents, l'idée ne convainc pas vraiment : "Ça n'a pas l'air rapide. Il faudrait un système extrêmement facile, extrêmement rapide, et pour l'instant ça n'a pas l'air d'être le cas."
Pour Marie et Matthieu, tous deux surveillants, ce dispositif risque aussi de crisper les relations avec les élèves : "Moi je ne vois pas du tout l'intérêt que quelqu'un intervienne. Ce serait vraiment empirer la situation. Nous en tant que surveillants l'idée c'est vraiment d'essayer de créer quelque chose. Déjà qu'ils nous voient comme des flics et c'est compliqué. Pour moi la répression ce n'est pas du tout le sens vers lequel il faut aller." Difficile également de ne pas y voir un effet d'annonce, disent-ils. Il faudrait déjà que tous les postes vacants soient occupés avant de mobiliser les enseignants sur d'autres dossiers.
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