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Parents d'écoliers, de collégiens, de lycéens... Ce qui vous attend avec les mesures de Macron pour l'éducation

Trois semaines après la nomination du nouveau ministre de l'Education nationale, les nouveaux chantiers pour les écoles, collèges et lycées se précisent. Franceinfo fait le point sur ce qui attend les parents d'élèves.

Article rédigé par Carole Bélingard
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 12min
Le nouveau ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, visite l'école primaire Albert-Camus de Creil (Oise), le 23 mai 2017. (MAXPPP)

"Il n'y aura pas de 'Loi Blanquer', j'en serai fier", a lancé à la presse le nouveau ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, lors de son déplacement au congrès de la Fédération des parents d'élèves de l'enseignement public (Peep) à Avignon (Vaucluse), vendredi 26 mai. A la place, le ministre revendique "des évolutions du système, qui ne seront pas verticales."

Depuis sa nomination, l'ancien recteur et ex-dirigeant de l'école de commerce l'Essec a précisé les mesures pour réformer l'Education nationale esquissées par Emmanuel Macron durant la campagne présidentielle. Franceinfo fait le point sur les changements qui vous attendent si vous avez un enfant scolarisé à l'école, au collège ou au lycée.

Si vous vous étiez habitué à la semaine de quatre jours et demi

Les rythmes scolaires pourront être assouplis, et ce dès la rentrée 2017. En clair, il va peut-être falloir, encore, changer votre organisation. Tout dépend de la ville où vous habitez. Trois possibilités se profilent pour les municipalités. D'abord, le statu quo. Là, comme à Paris, pas de changement : votre enfant reste sur un rythme de quatre jours et demi travaillés avec les activités, appelées TAP (temps d'activités périscolaires). "Tous les territoires satisfaits" doivent "continuer" à appliquer l'organisation actuelle, a d'ailleurs précisé le ministre.

Deuxième option : les villes qui le souhaitent peuvent abandonner complètement la réforme et revenir à une semaine de quatre jours, comme c'est le cas à Marseille et à Nice. Dans ce cas-là, il faudra vous réorganiser et trouver une solution de garde pour le mercredi. Enfin, une commune peut décider de conserver la semaine de quatre jours et demi mais d'abandonner les activités périscolaires. Pour vous, a priori, pas de changement dans l'organisation, c'est juste un réaménagement du travail dans les journées de vos enfants.

Mais alors comment cela va-t-il se décider ? Le ministre incite à la concertation entre les "acteurs de terrain". "Chaque communauté éducative pourra déterminer ce qui est le meilleur pour elle, avec un arbitrage in fine de l'inspecteur d'académie pour garantir l'intérêt de l'élève dans le dispositif retenu", a-t-il précisé dans un entretien publié dans La Provence (article payant), vendredi 26 mai. Donc, ce n'est pas la mairie qui décidera en dernier ressort, mais bien l'Education nationale. Néanmoins, si ce n'est pas déjà fait, de nombreux maires vont vous demander votre avis par le biais d'une consultation. A noter, pour beaucoup de communes, que les changements n'interviendront pas avant la rentrée 2018. "On ne prépare pas une rentrée en août, le délai est trop court", explique à franceinfo Agnès Le Brun, vice-présidente de l'Association des maires de France.

Si vous êtes concerné par l'éducation prioritaire

Si votre enfant est dans une classe de CP ou de CE1 en Réseaux d'éducation prioritaire (ex-ZEP), REP ou REP+, ce qui suit va vous intéresser. Le dédoublement des classes dans ces niveaux de zones d'éducation prioritaire est la mesure phare, en matière d'éducation, mise en avant par le candidat Macron. Dès la rentrée, votre enfant va donc peut-être se retrouver dans une classe de douze élèves, au lieu d'une vingtaine aujourd'hui. Invité de BFMTV, le 22 mai, Jean-Michel Blanquer a précisé que les classes concernées sont, dans un premier temps, en REP+. Pour le moment, 2 200 classes ont été identifiées pour passer à douze élèves dès la rentrée 2017, a expliqué le ministre.

Y aura-t-il assez d'enseignants pour mettre en place ce dispositif ? L'Education nationale compte sur les 4 000 créations de postes déjà prévues à la rentrée. Quant à la question des locaux, le ministre a mentionné dans La Provence des mesures de soutien aux collectivités : "On va travailler avec les communes et l'Association des maires de France pour aider les communes à réaliser les premiers aménagements nécessaires avec une enveloppe budgétaire". Mais Jean-Michel Blanquer s'est dit "très optimiste", sur RTL, mardi 30 mai, même s'il reconnaît qu'"un dédoublement physique à 100%" n'est pas possible. Dans ce cas, un deuxième enseignant pourra être appelé en renfort.

Si votre enfant a déjà deux enseignants dans sa classe, c'est que son école bénéficie du dispositif "plus de maîtres que de classes", qui consiste à affecter un enseignant supplémentaire en renfort dans les écoles. Quid de la pérennité de la mesure mise en place, en 2013, en CP et CE1 dans les Zones d'éducation prioritaire ? Elle devrait être maintenue, assure le ministre, même si les syndicats craignent une disparition prématurée. "Or, nous ne sommes pas encore allés au bout de l'évaluation de ce dispositif", développe, sur CNews, Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du SGEN-CFDT, mardi 30 mai.

Si vous êtes adepte des sections européennes

Bonne nouvelle, votre enfant aura désormais plus de chances d'intégrer dans son collège une une section européenne, dispositif qui avait été supprimé par la réforme du collège de 2015. Elles pourront être rétablies dès la rentrée prochaine, dans les collèges qui le souhaitent.

Le ministre souhaite aussi redonner au latin et au grec – ravalés à la rentrée 2016 au rang d'"enseignements de complément" avec un nombre d'heures réduit –  leur statut d'option à part entière.

Néanmoins, si votre enfant est satisfait des EPI (enseignements pratiques interdisciplinaires) mis en place par la réforme du collège, pas de panique, ils pourront être maintenus. En clair, il pourra continuer à étudier conjointement les maths, l'histoire et la physique autour d'un même projet, comme la réalisation d'un magazine sur la machine à vapeur. Il s'agit, là encore, de donner de l'autonomie aux chefs d'établissements.

Si votre enfant est en difficulté scolaire

Il n'y aura plus de passage quasi-automatique dans la classe supérieure. Le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, souhaite "autoriser à nouveau le redoublement" dès l'année scolaire 2017-2018. Il juge "absurde" son interdiction, dans un entretien au Parisien, jeudi 8 juin.

"Il n'est pas normal d'interdire le redoublement", estime le ministre. "Il y a quelque chose d'absurde à laisser passer de classe en classe des élèves accumulant des retards." "Le redoublement doit rester possible quand c'est dans l'intérêt de l'élève, et dans des cas qui doivent rester rares", affirme-t-il.

Jean-Michel Blanquer entend ainsi marquer un infléchissement par rapport à la politique de la socialiste Najat Vallaud-Belkacem qui l'a précédé et qui avait pris en novembre 2014 un décret affirmant "le caractère exceptionnel du redoublement""Autoriser à nouveau le redoublement, ce n'est pas un virage absolu, mais c'est une inflexion importante", martèle son successeur. Et il annonce que ce changement a "vocation à s'appliquer dès l'année scolaire 2017-2018".

Enfin, Jean-Michel Blanquer a précisé qu'il allait donner aux élèves de CM2 la possibilité de bénéficier de soutien gratuit, avant l’entrée en 6e. "Ces stages d’une semaine seront proposés fin août au moins en éducation prioritaire, et si possible plus largement. Ce seront des enseignants volontaires, rémunérés sur la base d’heures supplémentaires, qui les assureront. Aussi souvent que possible, ils se dérouleront dans les collèges". S'ils ne sont pas obligatoires, ces stages seront "conseillés" aux familles dont "les enfants en ont besoin", et "centrés sur le français et les maths".

Si vous trouvez qu'il y a trop de devoirs à la maison

Cette mesure risque de vous plaire. Les "devoirs faits" sont l'une des dernières annonces faites par Jean-Michel Blanquer. "Dès la rentrée prochaine, l'objectif est que les enfants rentrent chez eux devoirs faits, a-t-il déclaré lors du congrès de la Peep à Avignon. Ça signifie que des devoirs, il y en a, mais qu'ils ne sont pas faits pour être faits à la maison mais plutôt dans l'établissement, de façon à créer une forme de tranquillité en famille sur ces sujets, d'amenuiser les inégalités qui peuvent exister entre les familles", a détaillé le ministre.

Concrètement, l'idée est que, quand vous allez chercher votre enfant à 18 heures, il n'y ait plus besoin d'ouvrir les cahiers à la maison. Les devoirs auront été réalisés pendant l'étude dirigée, de 16 heures à 18 heures, et ce dans tous les collèges et "pas seulement en éducation prioritaire". Mais il n'y a pas d'obligation. Si vous voulez que votre enfant sorte plus tôt, c'est tout à fait possible. "Ce serait une possibilité offerte aux familles, mais il y aura l'obligation de le proposer" dans les collèges, a ajouté Jean-Michel Blanquer, sur RTL, mardi 30 mai.

Qui encadrera vos enfants pendant ces heures d'études ? Les professeurs pourront être sollicités pour effectuer des heures supplémentaires. Cela pourra être aussi les assistants d'éducation. Jean-Michel Blanquer a également évoqué la piste des associations déjà "très efficaces en matière scolaire". Les associations choisies seront labellisées. Par ailleurs, ce dispositif, d'abord appliqué au collège, pourra être étendu "dans le futur" à l'école primaire.

Enfin, avant l'entrée au collège,vous pourrez jeter les cahiers de vacances. Jean-Michel Blanquer souhaite apporter une attention particulière à "la charnière CM2-sixième", qu'il juge "particulièrement importante aussi". Dans La Provence, le ministre de l'Education nationale a évoqué la création de "stages de remise à niveau gratuits fin août pour les élèves qui entrent en sixième", mais sans plus de précisions sur les modalités.

Si le bac se profile bientôt

Le baccalauréat est souvent une période éprouvante et longue pour les élèves mais aussi leurs parents. Le supplice sera désormais peut-être plus court. "Le bac est très important à mes yeux, mais il doit être plus musclé qu'épais", a déclaré Jean-Michel Blanquer sur BFMTV, le 22 mai. En clair, l'examen pourrait être recentré autour de quatre matières principales, à l'image du brevet.

Cela signifie que l'effort sera à fournir au long cours, car le principe du contrôle continu sera appliqué pour les autres matières. Emmanuel Macron avait présenté cette mesure lors de la campagne présidentielle, en avançant notamment le coût élevé du baccalauréat. Quant au calendrier, le ministère évoque un début des discussions "dans les prochains mois", rapporte Le Parisien. A surveiller donc pour le bac 2018.

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