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Heures supplémentaires dans l'Education : "L'exercice a ses limites" pour les chefs d'établissements

Jean-Michel Blanquer, a annoncé, lundi matin sur France Inter, qu'il allait demander davantage d'heures supplémentaires aux professeurs en 2019 pour compenser les 1 800 suppressions de postes. Pascal Bolloré, secrétaire général adjoint du syndicat de proviseurs SNPDEN craint "des frictions" avec les enseignants.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer. (BERTRAND GUAY / AFP)

"L'exercice a ses limites", estime, lundi 17 septembre sur franceinfo, Pascal Bolloré, secrétaire général adjoint du syndicat de proviseurs SNPDEN. Le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a annoncé, ce matin sur France Inter, qu'il allait demander davantage d'heures supplémentaires aux professeurs en 2019 pour compenser les 1 800 suppressions de postes. Le dirigeant syndicaliste, proviseur du lycée Marcelin-Berthelot à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne) craint "des frictions" avec les enseignants.

franceinfo : Les directeurs d'établissements sont déjà amenés à exiger des professeurs qu'ils remplacent certains collègues, n'est-ce pas ?

Pascal Bolloré : Oui, il y a une réglementation sur la question qui le permet [le chef d'établissement peut, en cas de besoin, imposer une heure supplémentaire à un professeur]. Mais ces dernières années, les enseignants ont déjà été amenés à faire davantage d'heures supplémentaires, puisqu'il y a eu une politique de suppressions de postes entre 2007 et 2012. Et puis, avec l'effet du baby-boom, les créations de postes qui ont suivi n'ont pas permis de compenser cela. Résultat : dans beaucoup d'établissements, le besoin d'heures d'enseignement s'est accru par l'augmentation des effectifs et les professeurs effectuent déjà des heures supplémentaires, parfois plusieurs.

Vous craignez donc des tensions dans le bureau du directeur ?

Des frictions, il y en aurait certainement, s'il s'agissait d'imposer encore des heures supplémentaires aux professeurs qui en font déjà, ce qui est le cas dans la plupart des établissements. Il y a encore une demande d'heures supplémentaires, notamment chez les enseignants débutants, mais l'exercice a ses limites. Et puis d'un point de vue pratique, prendre en charge le remplacement de courte durée est complexe car beaucoup de professeurs font déjà des heures supplémentaires et que les emplois du temps sont figés pour la semaine. Assurer des remplacements au pied levé s'avère donc extrêmement difficile. En revanche, les rectorats ont progressé ces dernières années pour le remplacement de longue durée. Le nombre d'enseignants non remplacés au-delà de 15 jours d'absence est aujourd'hui très faible et heureusement.

Des grèves sont éventuellement à craindre chez les enseignants ?

Les annonces, en tout cas, n'arrivent pas au meilleur moment, à l'heure où plusieurs chantiers s'apprêtent à être mis en oeuvre, notamment au lycée général et technologique, avec la réforme du baccalauréat et du lycée qui le précède. Avant ces annonces, les enseignants n'étaient pas dans une hostilité particulière vis-à-vis de ces réformes. Mais le risque existe que les enseignants quittent cette posture "attentiste" et adoptent une position moins favorable.  

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