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Apprentissage des langues étrangères à l'école : mieux à l'écrit mais des progrès encore très insuffisants à l'oral

Selon un rapport du Conseil d'évaluation du système scolaire, trois élèves sur quatre ne sont pas capables de parler correctement anglais en fin de collège. 

Article rédigé par franceinfo - Édité par Thomas Pontillon
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Des élèves d'un collège. (Illustration).  (DAMIEN MEYER / AFP)

Dans une étude inédite publiée jeudi 11 avril, le Conseil d'évaluation du système scolaire (Cnesco) s'est intéressé à l'apprentissage des langues étrangères par les élèves d'écoles élémentaires et de collèges. Parmi les principaux enseignements de cette étude : le niveau des jeunes Français s'est amélioré à l'écrit, en revanche, ils ont toujours énormément de mal à l'oral.  

Des difficultés persistantes à l'oral 

En fin de collège, moins d'un tiers des élèves (32%) ont encore des difficultés de compréhension de l'écrit en anglais. Ils étaient près d'un sur deux en 2010. "En 2016, les élèves français ont, globalement, de bons résultats en compréhension de l'écrit d'une langue étrangère. Ils ont fortement progressé par rapport à 2010, note le rapport. En compréhension de l'oral, le niveau des élèves s'améliore également même si quatre élèves sur dix rencontrent encore des difficultés."  

En revanche, à l'oral, l'état des lieux reste préoccupant : 75% des élèves en fin de collège ne sont pas capables de produire une langue globalement correcte en anglais (le niveau attendu à cet âge-là). Ils sont 73% en espagnol et 62% en allemand. "Les élèves français continuent à rencontrer de réelles difficultés pour s'exprimer en langue étrangère. Cela concerne près de trois élèves sur quatre en fin de collège" selon l'étude du Cnesco. Ces difficultés se traduisent par "un vocabulaire limité, des difficultés grammaticales ou encore une prononciation hasardeuse". 

Le Conseil d'évaluation propose une série de dix recommandations pour améliorer l'apprentissage des langues. Parmi elles, on retrouve : "travailler sur l'oral de manière progressive, de la maternelle jusqu'au lycée", "guider les élèves vers l'autonomie, en s'appuyant notamment sur les outils numériques" ou encore "reconnaître un 'droit à l'erreur' et mieux cibler les compétences réelles des élèves". Sur ce point, le rapport précise que "l'évaluation doit prendre en compte l'anxiété liée à l'apprentissage d'une langue, particulièrement chez les adolescents."  

Vers un enseignement d'une matière dans une langue étrangère 

Parmi les autres recommandations notables, le Cnesco préconise "d'amplifier, sur le temps scolaire l'exposition aux langues étrangères", c'est-à-dire de "proposer une autre matière enseignée en langue étrangère". On peut souligner également l'idée selon laquelle il faudrait "repenser le recrutement et la formation des enseignants en langues" car dans le premier degré, "le concours d'entrée ne prévoit plus aucune épreuve de langue".

Dans le second degré, "la création d'une 'option langues' dans les concours de recrutement doit permettre de valoriser les compétences des enseignants des autres disciplines et, ainsi, d'assurer un vivier pour l'enseignement d'une matière dans une langue étrangère".  

Le rapport s'attarde également sur l'école primaire considérée comme un enjeu majeur car l'expression orale peut se travailler dès le CE2. Là encore, la formation des professeurs des écoles doit être largement renforcée.
De son côté, le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, doit dévoiler son plan pour l'apprentissage des langues étrangères jeudi prochain, le 18 avril. Il est à noter que l'enseignement des langues étrangères est théoriquement généralisé à l'école primaire depuis 2002.

Un manque de formation des enseignants ?

"Le problème, c'est qu'on a institué des heures mais on n'a pas formé massivement et suffisamment les enseignants du premier degré pour qu'ils se sentent totalement à l'aise avec un enseignement à l'oral, plus difficile", estime Claire Krepper, professeure d'anglais et secrétaire nationale du syndicat d'enseignants SE UNSA.

"La solution promue jusqu'à maintenant a été d'avancer toujours plus tôt l'apprentissage et la rencontre avec les langues vivantes étrangères à l'école primaire", a-t-elle rappelé, regrettant le manque de formation des enseignants du premier degré. "Ils ont besoin d'être soutenus et formés régulièrement, ce qui est peu fait. On peut constater, d'ailleurs qu'il n'y a pas de suivi dans la politique ministérielle. Jean-Michel Blanquer [ministre de l'Education nationale] a parlé des fondamentaux dans le premier degré mais n'a jamais parlé des langues étrangères et il n'y a pas de plan de formation, pour le premier degré, sur les langues étrangères. C'est un vrai souci."

Claire Krepper a regretté aussi le manque d'heures dédiées aux langues étrangères au lycée. "On a peu d'heures. Quatre heures et demie en première et quatre heures en terminale pour deux langues, a détaillé la professeure d'anglais. Ça ne permet pas une récurrence régulière des séances de langues vivantes. Les élèves disent d'ailleurs qu'ils ont perdu par rapport à leur capacité à communiquer à la sortie du collège, ce qui est très très ennuyeux."

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