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À Provins, l'adoption de l'uniforme à l'école ne convainc pas tout le monde

Sous l'impulsion du maire de Provins (Seine-et-Marne), Olivier Lavenka, les parents d'élèves des écoles publiques élémentaires de la ville ont voté pour le port de l'uniforme. Les élèves, certains parents et des syndicats, eux, ne sont pas convaincus.

Article rédigé par franceinfo
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Uniformes scolaires proposés à Provins. (FRANCE 3)

Les résultats sont tombés dans la soirée du samedi 2 juin. Plus de 62% des parents d'élèves des écoles publiques élémentaires de Provins, en Seine-et-Marne, se sont prononcés en faveur du port de l'uniforme. Ce vote a été organisé par le maire de la ville, Olivier Lavenka.

L'objectif est désormais que les élèves soient tous habillés uniformément avec, entre autres, un polo, un pull bleu et une veste sweat-shirt bleu marine. La mairie va faire un appel d'offres dans les prochaines semaines pour trouver un fournisseur. Les uniformes devraient donc arriver pour le retour des vacances de la Toussaint. Pour l'instant, le débat se poursuit.

Signe d'égalité ou instrumentalisation ? 

Pour certains parents d'élèves, cela représente "une égalité pour tous les enfants", estime un père, au micro de franceinfo, samedi soir après les résultats. "Je connais bien l'uniforme, poursuit-il, car j'ai grandi dans l'Union soviétique et nous, on portait toujours l'uniforme. Cela représente une discipline aussi", juge-t-il.

Du côté des élèves, certains affichent clairement leur mécontentement. "C'est nul, c'est comme si on remontait en arrière. On est en 2018, on n'est pas en 1900 je sais pas combien", a réagi une enfant au micro de franceinfo, samedi soir.

La blouse était un outil de travail adapté à l'utilisation de la plume et de l'encre. C'est l'arrivée du stylo-bille qui a tué la blouse, et non pas mai 68

Julien Fernandez, co-secrétaire départemental du syndicat SNUipp-FSU

à franceinfo

Interrogé dimanche matin sur franceinfo, Julien Fernandez estime que "c'est un exemple d'instrumentalisation de l'école au profit d'une idéologie politique". Le co-secrétaire départemental du syndicat enseignant SNUipp-FSU entend "parler du 'retour de l'uniforme', mais le port de l'uniforme n'a jamais été obligatoire dans les écoles communales", rapporte-t-il. "La crainte que nous avons vraiment, c'est que le maire de Provins ne fragmente la communauté éducative en prétendant la rassembler."

Le coût de l'uniforme en question

Pour certains parents, l'achat de l'uniforme est proscrit. "On est l'école publique, il ne faut pas l'oublier : école publique, école gratuite", lance, samedi soir après les résultats, Isabelle. Cette mère de famille a décidé qu'elle n'achèterait pas l'uniforme à sa fille, car "un parent doit pouvoir mettre son enfant à l'école publique gratuite, sans avoir au préalable à mettre la main au portefeuille pour acheter un uniforme".

Toutefois pour le maire de Provins, Olivier Lavenka, l'argument du coût financier ne tient pas. "On a fait une proposition avec les parents d'élèves qui nous semble tout à fait honnête puisque l'on propose un trousseau de 10 pièces à 145 euros. Ça me semble tout à fait raisonnable", se défend l'élu. Il explique par ailleurs que "dès le deuxième enfant, la ville prendra à sa charge 50% du coût".

Olivier Lavenka se justifie en expliquant que "le CCAS interviendra pour les familles qui en ont vraiment besoin et on propose un fractionnement du paiement en 3, 6 ou 10 fois. Cela nous semble tout à fait honnête et le coût ne nous semble pas être une question essentielle", justifie-t-il.

Pas d'obligation

"Ce n'est qu'une consultation. La légitimité, elle, est dans la loi", s'insurge Isabelle, la mère de famille. Julien Fernandez précise même que "cette consultation n'a de toute façon aucune incidence pour l'instant. Le règlement intérieur est voté en conseil d'école, qui regroupe les enseignants, les parents d'élèves et des représentants de la mairie".

Le syndicaliste du SNUipp-FSU rappelle aussi que "l'exclusion est totalement impossible à l'école primaire". Le syndicat dont il est co-secrétaire départemental a "déjà interrogé, à plusieurs occasions l'inspectrice d'académie à ce sujet, et il est bien évident que dans tous les cas, tous les élèves seront accueillis quelle que soit leur tenue".

Le port des uniformes dans les écoles de Provins "est loin d'être fait et d'être inscrit dans les règlements intérieurs", selon Julien Fernandez. Le syndicat Sud Education, quant à lui, a d'ores et déjà interpellé le rectorat pour contester le résultat de cette consultation. "Dans tous les cas, uniforme ou pas, tous les élèves seront accueillis", conclut Julien Fernandez.

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