"On se sent comme dans une boîte dont on ne peut pas sortir" : une étudiante raconte comment elle est tombée dans la dépression à cause du Covid-19
Alors qu'une journée de mobilisation nationale est organisée mercredi pour demander la réouverture des universités, de nombreux jeunes témoignent de leurs souffrances liées à l'isolement avec le mot-clé #etudiantsfantomes. Marine, 19 ans, doit prendre des anti-dépresseurs pour vaincre ses angoisses.
À 19 ans, retour chez papa et maman. Marine* a quitté son petit appartement d’étudiante et retrouve sa chambre d'adolescente, en région parisienne, où sont accrochées des photos de l'été dernier, "Des fois j'ai du mal à me reconnaître", lâche la jeune fille. Marine était en deuxième année de licence économie et gestion à l’université Paris-Dauphine, mais début janvier elle a tout arrêté et a mis ses études entre parenthèses. Elle n’arrivait plus à suivre les cours à distance mis en place en raison de l'épidémie de Covid-19 : "C'est devenu très vite pénible voire insupportable".
Marine est dépressive alors qu'elle n'avait, dit-elle, "aucun antécédent". Les crises d’angoisses ont commencé en septembre "trois à quatre fois par jour. Et puis après ça a continué avec le deuxième confinement qui pour moi, a été le coup de massue".
"Il n'y a plus de fête, plus de joie"
Une journée nationale de mobilisation est organisée mercredi 20 janvier, avec des rassemblements prévus devant certaines universités fermées depuis le 30 octobre, pour demander leur réouverture. En parallèle le hashtag #etudiantsfantomes prend de l’ampleur sur les réseaux sociaux avec de nombreux témoignages de jeunes qui ont le sentiment d’être "les oubliés" de la crise sanitaire, font part de leur isolement, voire leur détresse psychologique.
Pas de cours en présentiel depuis presque 1 an, un loyer à payer pour un appart inutilisé depuis 1 an, des incertitudes en permanence, un état psychologique bancal, une perte de motivation, un épuisement moral, et j'en passe. Voilà où on en est aujourd'hui. #etudiantsfantomes
— Chloé ♏ (@Chloee_Mtn) January 13, 2021
Marine, elle, est suivie par un psychiatre. "Cela fait maintenant un mois et demi que je suis passée aux anti-dépresseurs. J'ai des crises de pleurs parce que je me dis 'comment j'ai pu tomber là-dedans à 19 ans ?' On se sent comme dans une boîte dont on ne peut pas sortir."
"Ce qui me tenait là-bas, c'était surtout de pouvoir voir mes amis, d'y aller, d'avoir un contact humain. Et là, j'ai 19 ans mais j'ai l'impression d'en avoir 70 parce que je n'ai plus de force".
Marine, étudianteà franceinfo
L'étudiante a écrit une lettre au gouvernement. Un courrier partagé sur les réseaux sociaux : "Moi je ne réclame pas de boire un verre avec mes copains, explique Marine. Je réclame juste de pouvoir avoir un semblant de vie normale en pouvant aller même à deux heures de cours par semaine, avoir la sensation que l'on ne vit pas, la sensation d'être des fantômes dans leur chambre."
"Je pense que c'est un énorme gâchis, c'est une génération sacrifiée, confie son père. Ils ne sont plus sociabilisés, ils sont enfermés à la maison devant un écran. Il n'y a plus de fête, plus de joie. Tout ce qui fait que ces ados et adultes en devenir se sentent bien dans la vie, et bien, plus rien n'est là. Je me fais beaucoup de soucis pour leur avenir." L'objectif aujourd'hui pour Marine c'est d'essayer de retrouver la vie d'avant : "Je ne pensais jamais avoir à dire ça mais ma fac me manque terriblement". Marine espère reprendre ses études dès la rentrée prochaine et pas devant un écran.
*Par souci d'anonymat, le prénom a été changé.
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