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Léa, cinq ans, au poste de police pour cantine impayée

La fillette a été privée de cantine scolaire mardi midi pour cause de facture impayée par ses parents. L'enfant, élève en grande section de maternelle, a dû quitter le réfectoire à la demande d'une policière municipale. Le maire de la ville explique que toutes les procédures avaient été épuisées avec les parents de la petite fille. Le défenseur des droits a ouvert une enquête.
Article rédigé par Caroline Caldier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Maxppp)

L'affaire s'est déroulée
à Ustaritz dans les Pyrénées Atlantiques et mis en émoi toute la commune. En
effet, c'est une policière municipale qui est venue retirer Léa de la cantine.
La raison : ses parents en pleine séparation doivent 170 euros à la cantine
municipale. La méthode a choqué les enfants qui ont cru que leur petite
camarade avait été envoyée en prison.

"C'est un procédé
irresponsable" (directeur de l'école Saint Vincent)

Le directeur de l'école
maternelle Saint Vincent, Laurent Aguergaray, n'en revient pas. Il n'était pas
au courant du problème d'impayés de la famille et que l'enfant ne pouvait
avoir accès au réfectoire. Il a précisé que Léa et ses camarades avaient été traumatisés
: "Quand Léa est revenue dans l'après-midi ils étaient étonnés. Ils
pensaient qu'elle était en prison. La maîtresse a discuté avec toute la classe
pour tenter de dédramatiser"
.

Le père de Léa a
raconté au journal Sud Ouest qui a révélé l'affaire que sa fille avait été très
choquée lorsque la policière municipale était venue la chercher, pensant que
ses parents étaient morts.

"Un ordre direct de la mairie" (syndicat national des policiers municipaux)

Le maire d'Ustaritz, qui gère la cantine scolaire, explique qu'il n'a "pas donné d'ordre d'aller chercher cette petite fille à la cantine ". "Je suis tout à fait conscient, dit-il, que ça peut créer un émoi. On est dans le cadre d'une procédure de non-paiement de cantine. Les deux parents étaient avertis, il y a des procédures qu'on est obligé d'appliquer" précise Dominique Lesbats sur le site de Sud Ouest.

Le défenseur des droits ouvre une enquête

Le syndicat policier SNPM-FO avance une explication très différente. "Selon mes informations, la policière avait reçu un ordre direct de la mairie. (...) Elle a ensuite rédigé une main courante et un rapport selon lesquels elle a agi sur instruction", précise Frédéric Foncel. Il a également "salué le bon sens de la policière" , qui après avoir sorti la petite fille de la cantine l'a emmenée dans ses bureaux et l'a nourrie.

En déplacement à Brest, le ministre de l'Education nationale Vincent Peillon a jugé qu'il s'agissait d'un "acte de violence scandaleux" . "Je dis à tous les Français et à tous les élus d'éviter de faire ce genre de choses, qui sont absolument scandaleuses. Il peut y avoir des difficultés avec les parents, jamais on ne doit s'attaquer aux enfants" , a déclaré le ministre.

Jeudi soir le défenseur des droits, Dominique Baudis, "profondément choqué ", a annoncé avoir décidé d'ouvrir une enquête.

 

 

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