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Le manque de professeurs dans le secondaire est dû à "un problème de conditions de formation" des étudiants

"On a de plus en plus d'élèves et on a de plus en plus de difficultés à recruter", déplore Frédérique Rolet, la secrétaire générale et porte-parole du Snes-FSU, en réaction au manque de professeurs à la rentrée prochaine.

Article rédigé par franceinfo
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Un cours de mathématiques au lycée Le Mirail High à Bordeaux, le 20 mars 2017. (MEHDI FEDOUACH / AFP)

Le secondaire va encore manquer de professeurs à la rentrée prochaine, selon les résultats des concours de l'enseignement qui viennent d'être publiés : 100 postes non-pourvus pour le Capes de lettres classiques, 125 pour l'allemand. C'est dû à "un problème de condition de formation", selon Frédérique Rolet, la secrétaire générale et porte-parole du Snes-FSU, qui s'est dite, jeudi 5 juillet sur franceinfo, favorable aux pré-recrutements des professeurs.

franceinfo : Pourquoi manque-t-on de professeurs cette année encore, alors que moins de postes ont été ouverts ?

Frédérique Rolet : Le ministère de l'Education nationale avait argué du fait que tous les postes n'étaient pas pourvus pour dire qu'on en ouvrait moins cette année. Mais moins on met de postes, plus on donne un signal négatif, et donc on a moins d'inscrits et les jurys considèrent que, du coup, ils ont encore moins de possibilité de sélection et on se retrouve dans la situation où nous sommes. Je crois que ça fait un moment que nous alertons sur ce sujet en disant qu'on va vers une situation dramatique. On a de plus en plus d'élèves et on a de plus en plus de difficultés à recruter. Ça suppose des mesures fortes sur les salaires et surtout sur les recrutements. Les comptes sont différents en fonction des disciplines. On a certaines disciplines dans lesquelles les viviers sont insuffisants de toute façon. Si on prend les lettres classiques par exemple, on a trop peu d'étudiants. Ensuite, on a d'autres disciplines où la modération salariale joue. On sait qu'en maths c'est toujours compliqué d'attirer les jeunes vers un métier trop peu payé.

Y a-t-il un problème de niveau chez ceux qui tentent le concours ?

Je crois qu'il y a surtout un problème de conditions de formations. On demande aux jeunes maintenant de préparer un concours qui est extrêmement difficile, souvent en travaillant [à côté] - on sait qu'il y a 50 % des étudiants qui travaillent - et qu'ils n'ont pas l'esprit serein pour pouvoir préparer le Capes dans de bonnes conditions. Donc là encore, c'est pour ça que nous insistons sur la question des pré-recrutements qui devra être étudiée par le gouvernement. (…) C'est vraiment se dire qu'on va donner à des étudiants la perspective de faire des études tranquillement et ensuite de pouvoir s'engager à passer les concours.

Est-ce le métier de professeur qui n'est plus attrayant ? Le salaire ? Les conditions de travail ?

Je crois qu'il y a un peu tout ça. Il y a effectivement le salaire, notamment les débuts de carrière. Quand on commence, on commence à l'équivalent d'1,2 Smic. Vous devez souvent déménager, vous loger, notamment en région parisienne. On n'y arrive pas avec ce type de rémunération. On est dans le second degré avec des classes souvent très chargées, avec des difficultés importantes de certains élèves et pas forcément les moyens d'y remédier. Et puis quelque fois un discours, y compris de notre institution, qui est trop négatif sur l'éducation nationale.

Qui sont les contractuels qui remplissent les postes vacants ?

Ce sont des jeunes, soit qui ont passé les concours mais qui ne les ont pas eus, c'est ce qu'il y a de moins dramatique, mais on a aussi quelques fois des situations où l'on va pêcher des étudiants qui viennent juste d'avoir leur licence et qui ne sont absolument pas formés, qui ne savent pas ce que c'est que des programmes scolaires, et qu'on met en difficulté. Je crois que ça peut poser un certain nombre de problèmes pour les élèves, et évidemment c'est souvent inégal, on sait qu'il y a des zones qui sont plus touchées que d'autres.

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