Cet article date de plus de treize ans.

La notation des profs déchaîne la communauté éducative

Le site internet "note2be", qui propose aux élèves de noter leurs enseignants en citant leur nom, provoque un vif émoi dans la communauté éducative, qui a reçu le "soutien total" du ministre de l'Education nationale, Xavier Darcos.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Radio France © France Info)

Nouvel épisode dans l'affaire du site internet "note2be", : le SNES-FU, syndicat majoritaire dans les collèges et lycées publics, a décidé d'assigner les responsables du site en référé pour "trouble manifestement illicite à l'ordre public" afin d'en obtenir la suspension. Pour Francis Berguin, secrétaire national du SNES-FSU chargé des questions juridiques, ce site Internet, qui se réfère ouvertement à la préconisation du rapport Attali d'évaluation des fonctionnaires par les usagers, est, "une immixtion dans les affaires de l'Etat". Le site invite en effet les élèves à donner une note entre 0 et 20, pour juger si un enseignant est "intéressant", "clair", "disponible", "équitable", "respecté" ou "motivé" et à étayer ou échanger leurs points de vue dans un forum de discussion.

"Il serait profondément malsain que l'évaluation des enseignants devienne (...) une source de revenus pour des intérêts privés", estime de son côté la Fep-CFDT, majoritaire dans l'enseignement privé catholique, qui s'est déclarée "satisfaite de la condamnation par le ministre" et "attend vivement qu'il prenne les mesures nécessaires, dès l'avis de la Cnil connu". Pas moins de 17 plaintes et 160 signalements ont été transmis à la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) à l'encontre de ce site, créé fin janvier. Elle rendra sa décision le 6 mars.

Depuis une semaine, les noms d'oiseaux, émanant de tous les syndicats enseignants, mais aussi des parents et des lycéens, fusent à l'égard de ce site : "Exercice réducteur et dangereux", "dénonciation gratuite", "antithèse de l'éducation", "lynchage public des personnels", "démagogique et immoral", "escroquerie choquante"... Un blog de "résistance", intitulé "contrenote2be", a même été créé.

Autre sujet de mécontentement des syndicats : le fait que "note2be" soit animé entre autres par Stéphane Cola, 36 ans, candidat UMP aux municipales sur la liste de Pierre Lellouche (UMP) dans le VIIIe arrondissement de Paris. Le cofondateur du site de notation a dû choisir : il a annoncé ce soir qu'il renonçait à la course municipale, afin de clarifier "la confusion entretenue par certains" entre son activité professionnelle et son engagement.

Anne Jocteur Monrozier, avec agences

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.