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"Si cette pédagogie marche, pourquoi ne pas l'offrir à tout le monde ?" : la méthode Montessori gagne aussi les bancs de l'école publique

La méthode Montessori, pédagogie très à la mode qui séduit de plus en plus de familles, est pratiquée en France dans plus de 200 écoles privées hors contrat. Un succès grandissant qui commence aussi à gagner l'école publique.

Article rédigé par Alexis Morel, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La salle de classe équipée pour la pédagogie Montessori à l'école maternelle publique Françoise Dorléac, dans le 18e arrondissement de Paris. (ALEXIS MOREL / FRANCE-INFO)

On la pensait réservée à des écoles privées hors contrat, et destinée à une "élite", mais la méthode Montessori rencontre désormais aussi un succès grandissant à l'école publique, notamment en maternelle où des enseignants de l'Education nationale l'expérimentent.

Aurélie est enseignante à l'école Françoise Dorléac, en éducation prioritaire, dans le 18e arrondissement de Paris. Ici, tous les niveaux sont mélangés : petite, moyenne, et grande section. Et dès l'arrivée des enfants, le matin, la différence avec une classe traditionnelle est assez frappante : chaque élève est accueilli individuellement, à voix basse, et peut choisir son activité librement, depuis le collier de perle à la cuisine en passant par le jeu d'adresse.

La pédagogie Montessori à l'école publique, une salle de classe équipée à l'école maternelle publique Françoise Dorléac, Paris 18e (ALEXIS MOREL / FRANCE-INFO)

Cela fait trois ans que l'enseignante expérimente la méthode Montessori dans sa classe. Aurélie explique avoir été séduite par l'autonomie, la liberté laissé à l'enfant d'apprendre à son rythme en manipulant des objets, mais aussi agacée par le constat qu'elle a pu faire il y a quelques années.

Si cette pédagogie marche, pourquoi ne pas l'offrir à tout le monde? Pourquoi est-ce qu'elle serait réservée à une élite ?

Aurélie, enseignante

à franceinfo

"J'ai décidé de le faire en réseau d'éducation prioritaire renforcé car j'estime que c'est une action citoyenne, une forme de lutte où l'on dit que l'on doit offrir la richesse de cette pédagogie à tous les enfants. Pour les enseignants, cela demande aussi le courage et l'audace de changer de système."

Un financement participatif pour acheter le matériel 

Car l'enseignante a dû se débrouiller toute seule, d'abord pour la formation, en autodidacte, mais aussi pour le matériel, très important pour Montessori, mais très coûteux. "J'ai décidé de faire un projet de financement participatif. Ce sont la plupart de mes proches qui ont mis de l'argent pour m'aider à acquérir du matériel, mais nous avons collecté 1 460 euros. Désormais j'ai tout ce qu'il faut."

Pour équiper sa salle de classe, Aurélie a eu recours à un financement participatif. (ALEXIS MOREL / FRANCE-INFO)

Un coût de matériel et de formation qui reste un frein, mais qui ne dissuade pas tout le monde. L'association Public Montessori qui tente de développer cette pédagogie au sein de l'Education nationale revendique aujourd'hui plus d'un millier d'adhérents. C'est trois fois plus qu'il y a trois ans.

Des "points intéressants" pour l'Education nationale

Du côté de la hiérarchie et de l'Education nationale, le regard a quand même énormément changé en quelques années. Les tabous ou les fantasmes autour du mot "Montessori" ont pris fin. Au contraire : "Il n'y a aucun refus, aucune appréhension", explique Jean-Marc Huart, le directeur général de l'enseignement scolaire. "Il y a effectivement des points intéressants qui doivent nous inspirer dans la pédagogie, notamment de favoriser des manipulations directes, de faire en sorte que les parcours des enfants soient plus personnalisés. Il y a sans doute des regards qui se sont transformés depuis quelques années."

Malgré tout, selon l'association "Public Montessori", la situation est vraiment très différente sur le terrain, selon les circonscriptions académiques. Certains inspecteurs encouragent, certains laissent faire, quand d'autres sont encore très suspicieux.

Le reportage d'Alexis Morel.

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