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Une collégienne victime de harcèlement reçoit des centaines de messages de soutien

Manon, 11 ans, a reçu des lettres de menaces dans son casier au collège. La publication sur Twitter de ces courriers a déclenché une vague de solidarité.

Article rédigé par Yann Thompson
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Capture d'écran d'un tweet présentant les lettres de menaces qu'une collégienne affirmait avoir reçues. (TWITTER / FRANCEINFO)

"Je ne pensais pas que ça allait prendre une ampleur pareille." Une jeune habitante d'Epinal (Vosges) a suscité un tourbillon de réactions, mardi 28 novembre, en publiant, sur Twitter, trois lettres de menaces adressées à sa nièce. Des dizaines de milliers d'internautes ont partagé son message et ont, pour certains, décidé de répondre à la haine par des messages d'amour. [Mise à jour, 1er décembre : le compte Twitter contenant le message d'origine n'est plus accessible.]

"Manon a reçu quatre messages dans son casier au collège depuis la semaine dernière, raconte Ophélie Dodeman, 19 ans, à franceinfo. J'ai trouvé ça tellement choquant et énorme que j'ai décidé de les publier." Dans ces courriers anonymes adressés à la fillette de 11 ans, au moins deux de ses camarades la qualifient de "pute", de "salope" et de "connasse". Les rédacteurs ou rédactrices des messages disent la "surveiller", promettent de lui "faire la misère" et vont jusqu'à la menacer de mort. "Tu vas mourir ou alors on va tout faire pour que tu te suicides", est-il écrit.

Une plainte déposée

"Mes parents sont allés porter plainte pour Manon, affirme Ophélie Dodeman, précisant que la collégienne n'a plus ses parents. La conseillère principale d'éducation du collège s'en occupe aussi, elle l'accompagne à la sortie des cours et il y a des recherches lancées pour identifier les personnes." Selon sa tante, la jeune victime "va bien" et est "entourée". Contactés par franceinfo, les parents d'Ophélie Dodeman ont confirmé l'existence des lettres mais n'ont pas souhaité s'exprimer sur le sujet.

Sur Twitter, le contenu des trois lettres mises en ligne a choqué. Plus de 2 000 personnes ont commenté la publication, qui a été partagée par plus de 26 000 personnes en moins de 48 heures. Ophélie Dodeman affirme avoir reçu plus de 200 lettres de soutien destinées à sa nièce. "C'est des messages sur Twitter pour l'instant, mais d'autres vont m'être envoyées par La Poste, dit-elle. Je les donnerai à Manon ce week-end."

"Obligé de répondre"

Parmi les internautes venus apporter leur soutien à la collégienne, Cloé, 20 ans, affirme avoir "vécu une expérience similaire" au collège. "J'ai été harcelée pendant un an avec une amie, confie cette étudiante en mode dans le Tarn-et-Garonne. L'encadrement du collège avait été alerté mais n'avait pas réagi, et je n'avais pas osé en parler à mes parents, de peur de faire des histoires et d'aggraver la situation. Je suppliais ma mère de changer de collège et elle ne comprenait pas pourquoi." En découvrant l'histoire de Manon, la jeune femme a été touchée. "Ça m'a travaillée, ce n'est pas normal tout ça, surtout avec toutes les campagnes qui existent aujourd'hui contre le harcèlement", dit-elle.

Capture d'écran de messages Twitter au sujet des lettres de menaces adressées à Manon. (TWITTER / FRANCEINFO)

Mahieddine Meraoubi, lui aussi, s'est senti "obligé de répondre""On n'adresse pas des lettres comme ça à une enfant, surtout pas en lui parlant de suicide, explique cet Alsacien de 19 ans à franceinfo. Ça peut faire perdre la confiance en soi à un enfant, alors que c'est le truc à ne pas perdre." Mahieddine Meraoubi a passé une heure à écrire "une petite lettre" à Manon, que "sa tante lui donnera". "C'était la première fois que je faisais quelque chose comme ça, dit-il. Je me suis mis dans la peau d'un enfant de 11 ans, j'ai choisi des mots simples, que personne n'aura besoin de lui expliquer."

Je lui ai dit qu'elle était une enfant formidable.

Mahieddine Meraoubi

à franceinfo

"J'ai écrit un grand bravo, car elle a réussi à en parler, poursuit-il. Je lui ai dit de ne pas se laisser abattre, de s'en servir pour devenir encore plus forte, de transformer toute cette énergie négative pour aller encore plus haut. Et j'ai conclu comme ça : 'Continue à être heureuse, pleine de joie et de bonheur'."

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