Ce que l'on sait du suicide à Poissy d'un adolescent de 15 ans qui avait signalé "des faits de harcèlement" scolaire
Un adolescent de 15 ans, victime de harcèlement lors de l'année scolaire 2022-2023, s'est suicidé, mardi 5 septembre, à son domicile de Poissy (Yvelines). La justice appelle à la prudence sur les causes du passage à l'acte, tandis que l'Education nationale a lancé une enquête interne. Franceinfo résume ce que l'on sait de ce drame.
Le jeune homme a été retrouvé inanimé à son domicile
Mardi, en début de soirée, les secours sont intervenus à Poissy, au domicile d'un garçon de 15 ans, retrouvé inanimé. L'adolescent était pendu à son lit, avec une taie de traversin, précise une source policière à franceinfo. Son corps a été découvert vers 18 heures, par sa mère. Cette dernière, "très choquée", a été hospitalisée, a fait savoir mercredi la procureure de la République de Versailles, Maryvonne Caillibotte, à France Télévisions. Ni elle ni le père de l'enfant n'ont pour l'instant été entendus par les enquêteurs.
La justice a ouvert une enquête pour rechercher les causes de la mort. "On vérifie évidemment tout l'environnement du jeune, dont l'aspect scolaire", a précisé Maryvonne Caillibotte à France Télévisions. "Il faut rester à ce stade très prudent" sur les causes du passage à l'acte, a également déclaré à l'AFP le parquet de Versailles.
Des faits de harcèlement signalés depuis fin 2022
Au cours de l'année scolaire 2022-2023, cet adolescent était scolarisé en 3e prépa-métiers, au lycée professionnel Adrienne-Bolland, à Poissy. Il avait signalé être victime de harcèlement scolaire dans cet établissement, a précisé la police à franceinfo, confirmant les informations du Parisien. Le lycéen s'était rendu, avec son père, au commissariat de Poissy, pour déposer une main courante, confirme à franceinfo le parquet de Versailles. Le jeune homme de 15 ans avait changé d'établissement et venait de faire sa rentrée à Paris. Le rectorat de Versailles a mis en place une cellule psychologique au sein du lycée Adrienne-Bolland dès jeudi matin, selon Le Parisien.
Les premiers éléments de l'enquête "attestent clairement que des faits de harcèlement avaient été déclarés au cours de l'année scolaire 2022-2023", a annoncé mercredi le ministère de l'Education nationale. "En décembre 2022, le harcèlement du jeune garçon avait été signalé. Un rendez-vous avait été organisé dans l'établissement. Il était fait état de brimades et d'injures répétées de la part de plusieurs élèves nommément désignés", a retracé mercredi après-midi le ministre de l'Education nationale, Gabriel Attal.
"En mars 2023, les parents ont été reçus par l'établissement. Les élèves mis en cause ont eux aussi été reçus, et leurs parents ont été contactés. Un échange de courriers a par ailleurs eu lieu courant avril entre la famille et l'institution scolaire sur la situation du jeune garçon, la famille dénonçant, dans ce courrier, l'absence de mesures suffisantes prises face à cette situation", a détaillé Gabriel Attal. Le ministre a précisé que, selon l'établissement, l'adolescent avait "bénéficié d'un suivi régulier par la CPE, et ce jusqu'à la fin de l'année scolaire" et "un point a été fait avec le père de ce jeune garçon" en fin d'année scolaire.
Une enquête administrative ouverte en plus de l'enquête judiciaire
Gabriel Attal a décidé de lancer une enquête administrative pour faire la "lumière" sur les faits de harcèlement scolaire dont a été victime ce garçon, mais aussi sur la gestion de cette affaire par les services de l'Education nationale. "Ce ne sont pas des personnes évidemment que je veux mettre en cause, c'est la réponse de l'institution face à l'urgence du harcèlement scolaire qu'il nous faut continuer à profondément changer", a-t-il expliqué.
"Le suicide d'un jeune garçon est toujours un drame difficile à expliquer. Il y a évidemment divers facteurs", a déclaré Gabriel Attal. Mais "chaque drame est un drame de trop, qui nous rappelle que nous ne sommes toujours pas à la hauteur", a complété le ministre, qui doit annoncer un plan interministériel de lutte contre le harcèlement d'ici la fin septembre.
Brigitte Macron va rendre visite à la famille
Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a annoncé sur France Inter que Brigitte Macron va rendre jeudi au domicile de la famille de l'adolescent. "Quand un enfant de 15 ans en arrive à ne plus envisager d'autre solution que se donner la mort, c'est une émotion qui nous oblige tous et qui doit nous mobiliser au maximum", a-t-il déclaré. Olivier Véran a également promis qu'il n'y aurait "plus un établissement scolaire sans spécialiste du harcèlement".
Le harcèlement à l'école, qui toucherait un élève sur dix, a été érigé en priorité absolue du gouvernement pour l'année scolaire 2023-2024, après le suicide au printemps de la jeune Lindsay, 13 ans, dans le Pas-de-Calais. "Il faut qu'on le découvre et qu'on repère la souffrance des enfants et des adolescents", a plaidé mercredi sur franceinfo Martine Brousse, présidente de l'association La Voix de l'enfant. Au-delà du programme pHARe mis en place par le ministère de l'Education nationale pour lutter contre le harcèlement et le cyberharcèlement à l'école, elle demande des "moyens humains pour le repérage", pointant le "manque de personnel".
Si vous avez besoin d'aide, si vous êtes inquiet ou si vous êtes confronté au suicide d'un membre de votre entourage, il existe des services d'écoute anonymes. La ligne Suicide écoute est joignable 24h/24 et 7j/7 au 01 45 39 40 00. D'autres informations sont également disponibles sur le site du ministère des Solidarités et de la Santé.
Pour signaler toute situation de harcèlement ou de cyberharcèlement, que vous soyez victime ou témoin, il existe des numéros de téléphone gratuits, anonymes et confidentiels : le 3020 (harcèlement à l'école) et le 3018 (cyberharcèlement), joignables du lundi au samedi, de 9 heures à 20 heures. D'autres informations sont également disponibles sur le site du ministère de l'Education nationale.
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