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Elèves démotivés, équité en berne... Cinq graphiques qui montrent que l'éducation française a de grosses lacunes

Un nouvel indicateur classe les systèmes éducatifs à partir d'une trentaine de critères, dont le bien-être des élèves et l'engagement des enseignants. La France arrive en 25e position sur 34, loin derrière le Canada, le Japon ou la Suisse.

Article rédigé par Marie-Violette Bernard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6min
Une lycéenne passe l'épreuve de philosophie du baccalauréat au lycée Fustel-de-Coulanges, à Strasbourg, le 15 juin 2016. (FREDERICK FLORIN / AFP)

Le système éducatif français serait-il moins performant que ce que l'on pensait jusqu'ici ? C'est la question posée par le nouvel indicateur dévoilé jeudi 23 juin par les chercheurs spécialisés dans l'éducation du Collège des Bernardins. La France enregistre un recul de neuf places dans le classement établi par le séminaire Ecole et République, par rapport au classement Pisa de l'OCDE.

"Le classement de Pisa est fondé sur les performances des élèves. De là, on en déduit les performances des systèmes éducatifs, qui dépendent pourtant d'autres critères comme l'engagement des professeurs ou des élèves, explique Bernard Hugonnier, codirecteur du séminaire Ecole et République, interrogé par francetv info. Il y a un défaut dans cette logique."

L'indicateur des Bernardins cherche à aller plus loin que le classement Pisa, qui "donne une information sur la performance des systèmes éducatifs sans dire comment les améliorer". Il étudie cinq indicateurs différents, comportant chacun six statistiques différentes. La note obtenue en combinant tous ces critères est un chiffre situé entre 2 et -2, où 0 est la moyenne des pays étudiés.

"On peut ainsi déterminer les domaines où l'on est bon et en tirer des conclusions sur les réformes qu'il faudrait adopter", précise Bernard Hugonnier. A la lumière de ces nouvelles données, francetv info vous explique pourquoi le système français n'est pas aussi bon qu'on pourrait le croire.

En moyenne, les élèves français sont performants

La France affiche des résultats dans la moyenne de l'OCDE en termes d'efficacité, c'est-à-dire la capacité à limiter la part d'élèves en difficulté et à maximiser la part d'élèves qui réussissent. Cet indicateur prend en compte les résultats aux tests Pisa de mathématiques et de compréhension de l'écrit. La France se classe au 14e rang des pays étudiés, avec un score de 0,27. 

"Cet indicateur est assez proche du classement Pisa puisqu'il évalue la performance des élèves, note Bernard Hugonnier, interrogé par francetv info. La France fait donc un peu mieux que dans le classement de l'OCDE, où elle arrive 16e."

L'investissement dans l'éducation est plutôt rentable

Autre domaine où le système scolaire français s'en sort bien : l'efficience. Les chercheurs ont cette fois étudié le score obtenu à l'indicateur d'efficacité (ci-dessus) par rapport au budget de chaque pays pour assurer le bon fonctionnement de leur système éducatif. Autrement dit, l'indicateur évalue la rentabilité des investissements dans le primaire et le secondaire, pour les différents membres de l'OCDE.

La France, qui obtient un score de 0,53 en termes d'efficience, arrive cette fois au 12e rang des pays de l'OCDE. "Le système éducatif français a de relativement bonnes performances et a des dépenses contrôlées", résume le Collège des Bernardins.

La France n'arrive pas à mener les élèves défavorisés vers la réussite

La France est en revanche sérieusement à la traîne en matière d'équité, soit la capacité à limiter l'impact du milieu familial sur les performances des élèves. Le système éducatif français peine à pousser les jeunes les plus défavorisés vers la réussite : la France se classe 28e pour cet indicateur, derrière la plupart des autres pays européens. Seuls 6% des élèves défavorisés parviennent ainsi à obtenir de très bons résultats en mathématiques, contre 15% dans les pays asiatiques, note encore Le Figaro.

Pourquoi un tel écart de performance ? Bernard Hugonnier pointe "l'échec de la politique d'éducation prioritaire menée depuis trente ans" en France. "Les jeunes issus de l'immigration et défavorisés sont parqués ensemble, les moyens d'aide sont saupoudrés", estime-t-il dans les colonnes du Figaro.

Les enseignants sont peu investis

La France doit également parvenir à mieux mobiliser ses enseignants si elle veut créer une dynamique positive dans les salles de classe, selon cette étude. Les professeurs français sont en effet moins motivés que leurs voisins suisses ou portugais, si l'on évalue les statistiques sur leur absentéisme ou encore les sondages auprès d'élèves sur leur enthousiasme et le degré de préparation de leurs cours. Résultat : notre système éducatif arrive seulement à la 22e place du classement, avec un score négatif.

Une amélioration des résultats en termes d'efficacité, d'efficience et d'équité peut néanmoins conduire à un plus fort engagement des professeurs, note l'étude. En bref, les enseignants sont généralement plus motivés dans un pays qui investit dans l'éducation et où les élèves, défavorisés ou non, sont performants. 

L'engagement des élèves est l'un des plus bas de l'OCDE

Dernier point inquiétant : les élèves français sont parmi les moins motivés de l'OCDE pour étudier. En terme d'engagement des étudiants, notre système scolaire arrive 31e sur les 34 pays étudiés. Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs se sont penchés sur les statistiques sur les retards et l'absentéisme des élèves, ainsi que les sondages sur leur sentiment de bien-être à l'école ou encore leur persévérance face aux difficultés scolaires.

"Ce mauvais score est notamment dû au fait que seuls 42% des élèves français se sentent bien à l'école, détaille Bernard Hugonnier. Il faut se demander pourquoi ils ne sont pas heureux en cours et essayer de trouver une solution à ce problème inquiétant."

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