Education : on vous explique pourquoi la réforme du lycée professionnel fait polémique
Les deux principaux syndicats ont déposé un préavis de grève jusqu'à vendredi. Ils dénoncent notamment le projet d'Emmanuel Macron qui veut augmenter de 50% la durée des stages des élèves.
La gronde gagne les lycées professionnels. Les deux principaux syndicats de la filière, Snetaa-FO et Snuep-FSU, ont déposé mardi 18 octobre un préavis de grève jusqu'à vendredi, jour du début des vacances de la Toussaint. Cette annonce s'inscrit dans la continuité d'une journée de mobilisation interprofessionnelle où les sept principales fédérations (CGT, FO, CFDT, UNSA, FSU, SUD Solidaires, Syndicat national des lycées et collèges) ont manifesté contre la réforme voulue par l'exécutif.
Les syndicats exigent le retrait de cette réforme de la voie professionnelle, initiée par le chef d'Etat dès sa campagne présidentielle. Ils dénoncent l'augmentation du temps de stages d'au moins 50%, ainsi que le risque de fermeture de certaines filières. Franceinfo fait le point sur la situation.
En quoi consiste le projet d'Emmanuel Macron ?
Emmanuel Macron a lancé son second quinquennat en érigeant plusieurs priorités, parmi lesquelles l'école. Il souhaite notamment une réforme du lycée professionnel, qui concerne près de 650 000 élèves sur le territoire.
Si elle n'a pas encore été lancée, le président de la République en a détaillé les grandes lignes mi-septembre à l'occasion d'un déplacement aux Sables-d'Olonne (Vendée). Il veut notamment augmenter la durée des stages des lycéens professionnels d'au moins 50% en trois ans, ce qui réduirait de fait les heures d'enseignement général. La mesure inquiète les professeurs.
Emmanuel Macron entend également mieux rémunérer ces stages et adapter les formations en fonction des besoins locaux. Une "transformation profonde" de la voie professionnelle qui pourrait passer par la fermeture de certaines filières "qui ne correspondent plus aux besoins", selon le chef de l'Etat. L'objectif visé est d'améliorer l'insertion de ces jeunes et de répondre aux besoins de main-d'œuvre des entreprises.
Pourquoi les syndicats sont-ils en grève ?
Alors qu'Emmanuel Macron a évoqué une "réforme phare" qui sera "très progressive", l'intersyndicale a dénoncé dans la foulée une "menace forte" et un "projet de désorganisation de la voie professionnelle scolaire". Les sept principales fédérations (CGT, FO, CFDT, UNSA, FSU, SUD Solidaires, Syndicat national des lycées et collèges) ont ainsi appelé à la grève dès septembre. Ils dénoncent cette réforme et exigent son retrait.
"Le projet du président Macron de transformer les lycées professionnels sur le modèle de l'apprentissage constitue un véritable danger pour l'avenir scolaire et professionnel d'un tiers de la jeunesse lycéenne", a récemment écrit cette intersyndicale dans un communiqué. Au total, 22,94% des professeurs ont fait grève mardi dans les lycées professionnels selon le ministère de l'Education nationale, contre 60% d'après les syndicats.
Les fédérations regrettent également que les récentes réformes, dont la dernière date de 2018 à l'époque de l'ancien ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer, "ont amené de profonds changements sans avoir tiré un quelconque bilan".
Que prévoit le gouvernement ?
La ministre déléguée chargée de l'Enseignement et de la Formation professionnels, Carole Grandjean, qui a été placée sous la double tutelle du ministère de l'Education et du Travail, va lancer des concertations. Dans un courrier dont l'AFP a obtenu la copie, elle veut installer dès vendredi "quatre groupes de travail" sur cette réforme. Les participants seront conviés ensuite à "partager ensemble le bilan de la transformation de la voie professionnelle".
Le Snetaa-FO, dont le préavis de grève s'étend jusqu'à vendredi, a déjà décliné l'invitation, alors que 17 députés de la Nupes ont signé une tribune dans Le Journal du dimanche face à une "entreprise de démolition". Ils estiment que le lycée professionnel "s'apprête à subir l'une des réformes les plus importantes de ces dernières décennies".
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