Éducation : les vertus du jeu d'échecs qui croise toutes les disciplines scolaires
Au Blanc-Mesnil, en Seine-Saint-Denis, un millier d'enfants des écoles de la ville participent jeudi à un tournoi d'échecs, une discipline au programme de leur année scolaire, comme le calcul et le français.
Le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, avait favorisé l'entrée du jeu d'échec à l'école, alors qu'il était recteur de l'académie de Créteil. L'idée a fait son chemin. Au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis), jeudi 1er juin, 1 000 écoliers de la ville participent à un grand tournoi d'échecs, une discipline qu'ils apprennent toute l'année en classe et qui est devenue une option au baccalauréat en 2017.
Le jeu au service du programme scolaire
Depuis deux ans, Amandine et Ronise jouent aux échecs, une heure par semaine, en classe, et non pas sur le temps périscolaire. Le jeu est au programme, au même titre que les autres disciplines. Très concentrées pendant le tournoi, les deux élèves commentent leur partie d'échecs. "J'attaque son roi", annonce l'une. "J'ai perdu une dame et donc des points", dit l'autre, qui se lance dans les calculs. Ce sont des réflexions qui ont un sens pour Cathy Rey-Clémarès, coordinatrice pour l'Education nationale. L'activité, dit-elle, croise toutes les disciplines.
Quand je travaille les échecs, je travaille l'orientation dans l'espace, les mathématiques, le calcul, le français. Je fais aussi appel à la réflexion et l'anticipation, utilisées pour la lecture.
Cathy Rey-Clémarès, coordinatrice pour l'Education nationaleà franceinfo
Cathy Rey-Clémarès cite aussi la présence de l'histoire-géographie pendant l'heure consacrée aux échecs, puisque l'intervenant fait voyager les enfants en expliquant d'où vient le jeu et son passé. "La pratique des échecs va aider les autres disciplines pour développer certaines compétences", conclut-elle.
Les échecs : un langage international
Philippe Morera, l'un des trois professeurs qui initient les écoliers de la ville aux échecs, ajoute d'autres qualités à la pratique.À ses yeux, l'apprentissage en milieu scolaire donne un coup de jeune à la discipline elle-même. "On pouvait avoir l'image du vieux savant fou, replié sur lui-même. Aujourd'hui, c'est l'inverse", déclare-t-il en regardant jouer les enfants. Le jeu peut être aussi un facteur d'intégration, quand il devient un langage international.
Je me souviens d'enfants qui ne savaient pas parler français. En classe, ils pouvaient communiquer en jouant aux échecs et montrer qu'ils étaient capables de beaucoup de choses.
Philippe Morera, intervenant pour le jeu d'échecsà franceinfo
La commune du Blanc-Mesnil s'est impliquée dans les projets. Elle prend en charge la rémunération des intervenants. Le maire, Thierry Meignen, se dit convaincu des effets positifs de l'expérience. "Il n'y a pas que les quartiers parisiens riches ou les banlieues riches qui ont droit à cet accès, à ses jeux intelligents. On y a droit aussi en banlieue populaire", déclare l'élu, qui a appris à jouer aux échecs, en même temps que les élèves.
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