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Education : l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme veut "tordre le cou à un certain nombre d'idées reçues"

Hervé Fernandez, le directeur de cette agence, lance un appel à "ceux qui hésitent, qui ont peur, qui n'osent pas franchir le pas des associations."

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Hervé Fernandez, directeur de l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme. (FRANCOIS GUILLOT / AFP)

"Ce problème concerne 2,5 millions de personnes en France et, cette semaine, nous allons profiter des 650 manifestations locales pour tordre le cou à un certain nombre d'idées reçues sur le problème de l'illettrisme", a indiqué lundi 6 septembre sur franceinfo Hervé Fernandez, directeur de l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme. À l'occasion des 8e journées nationales d'action contre l'illettrisme, il a lancé un appel à l'adresse de "ceux qui hésitent, qui ont peur, qui n'osent pas franchir le pas des associations" : "si on veut combattre ce problème, il faut le nommer." Pour Hervé Fernandez, réapprendre à lire c'est "réaliser ses rêves".

franceinfo : Quel est l'ampleur de l'illettrisme en France ?

Hervé Fernandez : Ce problème concerne 2,5 millions de personnes en France et cette semaine, nous allons profiter des 650 manifestations locales pour tordre le cou à un certain nombre d'idées reçues sur la question. L'illettrisme est masqué. Toutes les personnes qui y sont confrontées ont en commun d'avoir été scolarisées, contrairement à l'analphabétisme qui concerne les personnes qui n'ont pas été scolarisées du tout. Le problème de l'illettrisme existe, il est présent, plus de la moitié des personnes confrontées à l'illettrisme travaillent, plus de la moitié vit dans des zones rurales faiblement peuplées. Par ailleurs, plus on avance en âge, plus les difficultés augmentent. Il est donc très important de lui donner un visage. Si on veut combattre ce problème, il faut le nommer. Si on ne le nomme pas, si on n'a pas conscience qu'il existe, on s'interdit d'apporter des réponses à ce problème.

C'est un problème handicapant au quotidien ?

Les personnes qui y sont confrontées nous disent par exemple qu'elles aimeraient pouvoir lire une histoire le soir à leurs enfants. Elles nous disent qu'elles aimeraient pouvoir inscrire leurs enfants à la cantine, en remplissant le formulaire de la mairie, comprendre une consigne au travail sans être stressées, sans avoir peur de se tromper. Il faut écouter ces personnes, connaître leur problème pour bien le combattre. Elles nous disent aussi ce que leur apporte au quotidien le fait de maitriser la lecture, l'écriture, les compétences essentielles, comment elles ont réussi à passer leur permis de conduire, comment elles ont réussi à lire un livre. C'est pour cela qu'on a lancé une campagne nationale, "Apprendre, c'est réapprendre à rêver". Ce message-là est porté à l'adresse de ceux qui hésitent, qui ont peur, qui n'osent pas franchir le pas des associations et réapprendre à lire pour réaliser leurs rêves.

Le phénomène est-il plus vaste qu'il n'y parait ?

Il est vrai que les chiffres que nous avons commencent à dater, mais nous avons obtenu des moyens pour qu'une nouvelle enquête soit reconduite avec le soutien du ministère du Travail. Nous aurons des données réactualisées dès la fin 2022 mais le chiffre reste important. Il existe des disparités régionales, départementales que nous avons recensées dans notre Atlas de l'illettrisme. La crise sanitaire que nous traversons montre d'ailleurs toutes les fragilités liées à l'illettrisme. À quel point le numérique, présent dans nos vies quotidiennes, révèle aussi des situations d'illettrisme. On voit que les jeunes sont plus concernés par l'illettrisme dans les territoires les plus touchés par la pauvreté et l'idée est de faire porter les efforts là où sont réellement les besoins car la lecture est un facteur d'inclusion sociale important. C'est très important de pouvoir être autonome et plus libre dans sa vie quotidienne grâce à la maîtrise de ces savoirs que tout le monde pense acquis.

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