"Ça ne fonctionne pas, c'est très stigmatisant" : pourquoi les groupes de niveau prévus dans le "choc des savoirs" cristallisent les tensions avec les enseignants

Après une mobilisation le 1er février, des enseignants sont de nouveaux dans la rue pour notamment l'amélioration de leurs conditions de travail et leurs salaires mais aussi contre les groupes de niveau prévus au collège.
Article rédigé par franceinfo - Mathilde Romagnan
Radio France
Publié Mis à jour
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Lors de la manifestation des enseignants du 1er février 2024 à Paris. (BRUNO LEVESQUE / MAXPPP)

Nouveau mouvement de grève des enseignants mardi 6 février. Après une première mobilisation jeudi 1er février, ils redescendent dans la rue, à l'appel du Snes-FSU, le syndicat majoritaire dans le second degré, et de la CGT, avec les mêmes revendications : des hausses de salaires, de meilleures conditions de travail, moins d'élèves par classes, plus de recrutement. Mais ce qui cristallise la colère, ce sont les groupes de niveau, prévus dans le "choc des savoirs", annoncées par Gabriel Attal lorsqu'il était ministre de l'Éducation.

Dès septembre, dans tous les collèges, il faudra faire des groupes de trois niveaux en 6e et en 5e pour le français et les mathématiques. Gabrielle Bonicel est professeure de lettres dans un collège de Roubaix, dans le Nord et membre du Snes-FSU. Elle est en grève mardi, parce que ces groupes de niveau sont "un vrai casse-tête".

"Super, je suis dans le groupe des nuls !"

Dans son collège classé REP+, il y aura sept groupes en tout. "Sans moyen supplémentaire comment est-ce que l'on peut faire ça ?, s'interroge la professeure. Forcément, si on a six classes et qu'on a sept groupes qui doivent être créés, cela veut dire des salles de classe supplémentaires alors qu'on est très ric-rac sur le nombre de salles disponibles." 

"Il faudra forcément des enseignants en plus alors qu'on est déjà en manque et qu'il y a des établissements où il y a des personnels qui ne sont pas remplacés."

Gabrielle Bonicel, professeur de collège et membre du Snes-FSU

à franceinfo

Les élèves seront triés sur la base de leur évaluation de CM2. Pour Gabrielle Bonicel, cet étiquetage des élèves est contre-productif : "Les conditions d'apprentissage pour eux sont davantage réunies quand ils ne sont pas stigmatisés et qu'ils ne vont pas se dire : 'Super, je suis dans le groupe des nuls !' Ces cours vont les mettre un peu plus en compétition donc ce n'est pas un bon esprit. Ça ne fonctionne pas, c'est très stigmatisant."

Au lieu de ces groupes de niveau, les syndicats, demandent des classes à effectifs réduits pour aider les élèves en difficulté, et davantage de recrutements d'enseignants, mieux rémunérés. Les mesures détaillées du "choc des savoirs" seront présentées jeudi lors du Conseil supérieur de l'éducation. Les syndicats demandent aussi un ministère de plein exercice, l'Education nationale étant pour l'instant regroupée avec les Sports, la Jeunesse et les Jeux Olympiques, sur la houlette d'Amélie Oudéa-Castéra. La ministre a choqué la communauté enseignante après ses propos sur l'école publique, elle qui scolarise ses enfants dans le privé. Mardi 6 février, elle doit répondre aux questions des députés de la commission des Affaires culturelles et de l'Education de l'Assemblée nationale sur son action, à partir de 16h30.

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