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A Saint-Denis, parents et professeurs en lutte contre un collège insalubre

Il n'y a plus de cours depuis 10 jours au collège public Jean-Lurçat de Saint-Denis. Les parents des 430 élèves de l'établissement se relayent pour bloquer les entrées. Depuis des années, ils dénoncent l'insalubrité des locaux en préfabriqué, où des rats et des cafards auraient élu domicile. Hier, les professeurs se sont mis en grève, par solidarité.
Article rédigé par franceinfo
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Des herbes hautes cachent à peine l'alignement de bâtiments grisâtres en préfabriqués. "La première fois que j'ai vu ce collège, je me suis dit qu'il ne manquait plus que les barbelés, on se croirait à Auschwitz", raconte une mère d'élève, furieuse. "Moi, ça m'a fait penser à Guantanamo, renchérit le père d'un collégien. Même les animaux sont mieux traités que nos enfants !".

Le collège Jean-Lurçat a été détruit par un incendie en 2003. Le nouvel établissement devait être livré en 2007. Aujourd'hui, on parle de 2012. "Le provisoire s'éternise, les conditions de travail sont devenues abominables , raconte un professeur. Les fuites d'eau se multiplient, le chauffage est constamment en panne". Les enseignants feraient cours en conservant leur manteau sur le dos.

Le taux de CO2 30% supérieur à la norme autorisée

Le préau, en tôle, vient d'être installé et il ne protège pas correctement les enfants de la pluie et du vent. Pour les parents, il y a pire : l'absence de ventilation des salles, constamment fermées à cause du froid. Depuis de mois, élèves et professeurs se plaignent de problèmes ophtalmiques et de migraines. Le résultat des tests de qualité de l'air commandés par le conseil général de Seine-Saint-Denis vient de tomber : le taux de CO2 dans le collège est supérieur de 30% aux normes autorisées.

Et ce n'est pas tout : le collège ne possède pas de cantine - les enfants doivent se rendre dans un établissement situé à 15 minutes de marche pour pouvoir déjeuner - ni de gymnase. Et il serait envahi par les nuisibles : selon les parents, des rats auraient élu domicile dans les herbes hautes qui encerclent les préfabriqués. Des nids de cafards ont été découverts ces dernières semaines.

"On paye les erreurs du passé"

Joint par France Info, le vice-président du conseil général en charge de l'éducation avoue que les élus ont commis une erreur en laissant traîner les choses : "La durée de vie des préfabriqués est de 3 à 5 ans. Cela fait déjà 6 ans." Pas question pour autant d'envisager de construire de nouveaux bâtiments provisoires. Le coût serait trop élevé selon les élus socialistes : environ 5 millions d'euros. Mathieu Hanotin rejette la faute sur la précédente équipe communiste : "On paye les erreurs du passé. On le sait, les élèves ne vont pas bien vivre jusqu'à la livraison du nouveau collège". Soit 2012 !

La colère des parents d'élèves du collège Jean-Lurçat a été renforcée par l'annonce de suppression d'heures à la rentrée prochaine. Ils ont l'intention de poursuivre leur action jusqu'à ce qu'ils soient entendus.

Elodie Guéguen

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