À Paris, un lycée privé s'équipe de porte-clés connectés pour s'assurer de la présence de ses élèves
L'établissement Rocroy-Saint-Vincent-de-Paul veut ainsi poursuivre "sa modernisation" et "gagner en sécurité, en simplicité et en efficacité". Mais certains élèves s'indignent d'une telle initiative.
Plus besoin de lever la main pour répondre à l'appel du professeur ? À Paris, dans le 10e arrondissement, le collège-lycée Rocroy-Saint-Vincent-de-Paul a décidé d'équiper ses élèves de porte-clés connectés, "afin de prévenir plus rapidement les équipes et les parents en cas d'absence". La mesure prendra effet dès la rentrée, au sein de cet établissement scolaire privé catholique, qui accueille des élèves de la maternelle à la terminale.
À partir de septembre, les élèves de Rocroy-Saint-Vincent-de-Paul devront donc avoir ce gadget "en permanence sur eux". Car "celui-ci sera désormais une aide afin de s'assurer de la présence de chacun d'eux en classe, sur les installations sportives, au CDI et lors des sorties mais aussi au cours des exercices de sécurité", selon le règlement intérieur pour l'année 2018-2019, publié sur le site internet de l'établissement. "La perte ou l'oubli de ce 'badge' entraîne une sanction appropriée ; le badge perdu est facturé 10 euros", mentionne également le document.
Une pétition contre ce porte-clés
Mais une telle initiative n'est pas du goût de tous les élèves. Vendredi 20 juillet, une lycéenne, qui entrera en terminale L à la rentrée, a dénoncé sur Twitter une atteinte à la vie privée.
ils veulent installer un système de tracking électronique dans mon lycée si vous avez une minute signez la pétition svp : https://t.co/csbfth51Uj pic.twitter.com/c4BlEsrEFe
— louise (@realouco) 20 juillet 2018
Une pétition pour s'opposer à ce projet, mise en ligne sur le site Avaaz.org, a par ailleurs recueilli 3 507 signatures. "Ce nouvel article est tout bonnement inacceptable, les élèves n'étant pas des objets appartenants à Rocroy", s'indigne son auteur, qui a désormais clos cette pétition, pour une raison inconnue.
Reste que le mécontentement des élèves n'est pas passé inaperçu : lundi 23 juillet, l'établissement privé a réagi et publié un communiqué sur son site internet. L'objectif, selon la direction de l'établissement, est de poursuivre la "modernisation (...) pour faire l'appel en classe, afin de gagner en sécurité, en simplicité et en efficacité". "À terme, le porte-clé permettra l'emprunt de livres ou le passage à la cantine", explique le texte.
Une initiative "en accord avec la Cnil" ?
La direction assure aussi que les porte-clés seront utilisés "sans géolocalisation et avec une protection élevée des données" : "le Bluetooth ne s'active que lorsque l'enseignant fait l'appel. Le reste du temps, les porte-clés s'éteignent automatiquement". "Les données personnelles (nom de l'élève, emploi du temps...) sont protégées et cryptées, en accord avec la Cnil", répète la direction. Contactée par franceinfo, la Commission nationale de l'informatique et des libertés n'a pas encore réagi.
Par ailleurs, le lycée Rocroy Saint-Vincent-de-Paul assure que la mise en place de ces porte-clés est issue d'un partenariat avec Newschool, une start-up "qui a remporté de nombreuses distinctions". L'établissement met en ligne un document de l'entreprise (PDF) qui explique le fonctionnement du porte-clés connecté et assure que les données sont sécurisées par cette jeune entreprise "soutenue par l'Éducation nationale".
Pas de quoi rassurer Louise, contactée par franceinfo. Le consentement des élèves n'a pas été demandé, regrette-t-elle, et "aucune information n'est vraiment en sécurité, surtout avec un système comme celui-ci".
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