: Vidéo "Il y a vraiment une anomalie" : une physicienne dénonce le peu de femmes parmi les lauréats du prix Nobel
Dans l'histoire, seulement 20 Nobel sur 607 en sciences ont été attribués à des femmes.
Avec deux lauréates du prix Nobel, les femmes scientifiques sont à l'honneur cette semaine. Mardi 2 octobre, la Canadienne Donna Strickland est devenue la troisième femme de l'histoire à remporter le prix Nobel de physique. Vingt-quatre heures plus tard, la biochimiste américaine Frances Arnold a reçu celui de chimie et a fait monter à cinq le nombre de femmes à avoir reçu cette récompense.
Pourtant, la parité est loin d'être acquise. Dans l'histoire, seulement 20 Nobel sur 607 en sciences (médecine, physique, chimie) ont été attribués à des femmes (dont deux à Marie Curie), soit moins de 3%. "Il y a vraiment une anomalie en ce qui concerne les prix Nobel", réagit auprès de franceinfo Sylvaine Turck-Chièze, astrophysicienne et membre de l'association Femmes & Sciences.
"De bonnes collaboratrices"
"Les femmes ont longtemps été vues comme de bonnes collaboratrices mais elles ont aussi de bonnes idées !" ajoute Sylvaine Turck-Chièze. Elle donne l'exemple de Donna Strickland, primée cette année en physique : "Dans la presse, on dit : 'Cette femme canadienne est une étudiante de Gérard Mourou'", lui aussi primé. "Mais c'est une étudiante qui a 62 ans, qui a fait carrière aux Etats-Unis, au Canada. Ce n'est plus une étudiante !" Malgré son illustre carrière et ses recherches sur les faisceaux optiques à impulsions courtes utilisés aujourd'hui dans la chirurgie des yeux, Donna Strickland n'a toujours pas le titre de professeure titulaire à l'université de Waterloo, en Ontario, où elle travaille. Et elle n'avait pas de page Wikipedia avant sa victoire de mardi.
Ça interroge sur la manière dont on voit les femmes dans les sciences.
Sylvaine Turck-Chièze, astrophysicienneà franceinfo
Pour cette scientifique, les deux prix de cette année ne suffisent pas. Il est nécessaire d'aller plus loin, même si c'est "long, long, long", répète Sylvaine Turck-Chièze. "Il faut faire du lobbying, constituer une liste de femmes scientifiques et aller à Stockholm", où siège l'Académie royale des sciences de Suède, qui décerne les Nobel de physique et de chimie.
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