Reportage "Il y a encore vachement de travail" : à Paris, la détermination des manifestantes lors de la journée internationale des droits des femmes

À l'occasion du 8-Mars, des milliers de personnes ont défilé à Paris, vendredi, pour exiger plus d'égalités entre femmes et hommes.
Article rédigé par franceinfo - Romane Brisard
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Publié Mis à jour
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Trois heures après son départ de la place Gambetta, le cortège violet est arrivé place de la Bastille. (TERESA SUAREZ / MAXPPP)

Plus de 100 000 femmes et hommes ont parcouru les rues de Paris, vendredi 8 mars, d'après les chiffres de la CGT. Ils étaient 28 000 d'après la police. Une manifestation à l’appel du collectif Grève féministe et de cinq syndicats - CFDT, CGT, UNSA, FSU et Solidaires - pour célébrer la journée internationale des droits des femmes. Trois heures après son départ de la place Gambetta, le cortège violet arrive place de la Bastille. Tout le monde, ou presque, portait un accessoire de cette couleur mondialement utilisée pour célébrer la journée du 8 mars.

Beaucoup de passants sont présents pour photographier les manifestantes et les manifestants. Un cortège aussi très bruyant, avec beaucoup de musique et d'hymnes féministes chantés tout au long de l'après-midi, dont le chant des inégalités salariales.

"Être au même tarif que mes collègues masculins"

Ce chant, Odile le connaît par cœur. Elle a fondé son organisme de formation et de conseil pour les entreprises il y a 19 ans. Mais elle ne se sent toujours pas prise au sérieux par les hommes avec qui elle travaille : "Je sais que je ne peux pas être au même tarif que mes collègues masculins. J'ai testé deux fois et les deux fois on m'a renvoyé des trucs hallucinants comme : 'Mais vous n'avez pas les compétences.' Alors que là, sur ces deux essais, j'avais bien plus de compétences que mes collègues masculins. Il y a encore vachement de travail."

Des inégalités qui se ressentent encore par ricochet sur les salaires mais aussi sur les retraites. Héloïse est chargée de projet et elle a fait le calcul : "En tant que femme, je sais que moi, à la retraite, à parcours égal à un homme, j'aurais au moins 20% de moins sur ma fiche de paye et sur ma retraite." Récemment, la jeune femme a donc quitté son ancien emploi et revu sa manière de candidater : "Je choisis des structures quand je candidate où je sais que je peux avoir une transparence sur la grille salariale. Et si ce n'est pas le cas, demander pourquoi ce n'est pas le cas."

"C'est encore catastrophique"

Les entreprises sont encore nombreuses à ne pas jouer le jeu de l'égalité professionnelle et salariale. Les chiffres parlent d'eux-mêmes et Youlie Yamamoto, cofondatrice du collectif Les Rosies, les a répétées haut et fort depuis son char toute l'après-midi, bleu de travail et fichu rouge à pois blanc sur la tête. "C'est encore catastrophique puisque les femmes sont en moyenne payées moins 24% par rapport aux hommes. En temps plein égal, c'est moins 15%, mais ça reste quand même extrêmement problématique, déplore-t-elle. Reste également que les femmes à la retraite, elles ont au moins 40% de retraite au final. Les femmes représentent l'essentiel des temps partiel, des CDD, des emplois précaires."

Les femmes représentent effectivement 60% des personnes au smic. Autant d'indicateurs qui, mis bout à bout, placent la France au 21e rang des pays européens en matière d'égalité salariale.

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