Toulouse : polémique après l'abandon de l'exposition d'une BD contre le sexisme
Des planches devaient être présentées dans un square de la ville, à l'occasion de la journée internationale sur les violences faites aux femmes.
L'exposition de Projet crocodiles n'a finalement pas eu lieu, mardi 25 novembre, à Toulouse (Haute-Garonne). Des planches de cette bande dessinée de Thomas Mathieu qui met en scène les expériences d'internautes victimes du sexisme ordinaire faisaient partie des projets présélectionnés pour être exposés dans un square de la ville, à l'occasion de la journée internationale sur les violences faites aux femmes.
Le projet a été enterré par la municipalité UMP, après un débat au sein de la communauté urbaine la semaine dernière. L'opposition s'insurge.
Une BD "vulgaire" et "provocatrice" pour une adjointe UMP
Les élus socialistes et la municipalité UMP ne sont pas d'accord sur l'état d'avancement du projet. Il a été retoqué par la commission cohésion sociale de Toulouse Métropole la semaine dernière, alors qu'il était "au stade de la finalisation", assure un représentant du groupe socialiste de la métropole, cité par Le Monde.
Mais selon l'adjointe au maire UMP chargée de la Famille, Laurence Katzenmayer, jamais la ville n'avait donné son accord. L'exposition n'était pas présente sur les affiches et flyers annonçant le programme de la journée.
Les élus socialistes assurent avoir entendu l'adjointe, qui n'était par ailleurs pas en charge du projet, dénoncer la "vulgarité" de la bande dessinée, et même son "caractère immoral". Celle-ci reconnaît auprès du Monde que "les échanges durant cette réunion ont bien porté sur le caractère provocateur et parfois vulgaire de certains textes", mais dément avoir parlé d'immoralité. Elle nie également tout arbitrage du maire UMP de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, dans cette affaire.
Deux planches au centre de la polémique
Deux planches auraient particulièrement choqué. La première montre le viol d'une jeune femme par son compagnon. Dans la seconde, un homme agresse verbalement un couple de femmes en des termes dégradants.
"Il est délicat pour une victime qui m’a confié son histoire et dont j’ai fidèlement reproduit les propos d’entendre dire que telle planche est vulgaire", déplore l'auteur belge du Projet Crocodiles, Thomas Mathieu, dans Le Monde. Il s'interroge : "On voit deux femmes se tenir la main. Je me demande si ce n’est pas cela, finalement, qui est trouvé immoral et pornographique." Son travail, publié sur un blog puis dans un album, Les Crocodiles (Le Lombard), en octobre dernier, avait été exposé en mars dans une université parisienne, sans faire de vagues.
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