Numéro "anti-relous" victime de cyber-harcèlement : "Ça peut être un signal d'alarme envoyé aux autorités"
Clara Gonzales, co-fondactrice du "numéro anti-relous" a évoqué sur franceinfo "la campagne de spams" que la ligne, créée pour lutter contre le harcèlement, a subie. Le numéro devrait être relancé "dans quelques jours", "de manière plus pérenne".
Le "numéro anti-relous", mis en place vendredi 27 octobre pour venir en aide aux femmes harcelées, a été visé par une campagne de cyber-harcèlement. Les deux fondateurs, Elliot Lepers et Clara Gonzales, ont été directement menacés et la ligne a été désactivée "momentanément" lundi 30 octobre.
Leur communiqué évoque "20 000 messages d'insultes" dont le but est "de causer un préjudice financier pour que le service soit interrompu". Le principe du "numéro anti-relous" est le suivant : la femme harcelée peut donner ce numéro à l'homme insistant qui, en cas d'appel ou de texto, reçoit un message lui rappelant les règles élémentaires du consentement. Clara Gonzales a confié à franceinfo espérer réactiver le numéro "dans quelques jours, quand ça se sera calmé, de manière un peu plus pérenne."
franceinfo : Comment cette campagne de cyber-harcèlement s'est-elle déroulée ?
Clara Gonzales : Lundi [30 octobre], on s'est rendu compte qu'on commençait à recevoir énormément de SMS dans un rythme très peu probable : c'était une campagne de spams mise en place contre la plateforme dans le but de lui nuire, notamment financièrement. Cette campagne s'est transformée en campagne de harcèlement contre nous. Nous avons dû mettre un terme au numéro et répondre de manière assez rapide aux campagnes mises en place contre nos personnes via Twitter, Facebook et d'autres plateformes en ligne. Nous avons collecté des preuves, nous avons des éléments qui accablent aujourd'hui les responsables et on espère qu’ils seront poursuivis parce que le phénomène des cyber-violences contre les femmes et contre les militants en ligne est un phénomène qui nous dépasse et qui doit aujourd’hui appeler une réponse sociale.
Votre ligne de lutte contre le harcèlement a-t-elle été elle-même victime de cyber-harcèlement ?
Oui, ça peut paraître un peu ironique. La réalité, c'est que la plupart des femmes qui prennent aujourd'hui la parole dans la sphère numérique pour défendre leurs droits font face à ce type de cyber-violences et de cyber-harcèlement (...) Nous, on va faire front, on est deux et on a aussi beaucoup de soutien, c'est très important. Ce phénomène fait partie des violences contre les femmes, ce contre quoi on milite, donc j'espère que ça peut aussi être un signal d'alarme envoyé aux autorités publiques. (...) Il y a plusieurs centaines de messages mais je pense que, concrètement, c'est un petit groupuscule derrière. On peut identifier 15, 20 personnes, pas plus. Ils ne sont pas nombreux. Maintenant, c'est à nous de leur montrer qu'on est plus forts qu'eux, qu'on veut une société qui défend l'égalité entre les femmes et les hommes et qui lutte contre les violences.
Les cyber-harceleurs voulaient vous faire subir une sanction financière...
C'est ce qu'ils espéraient. Il se trouve que la plateforme qu'on utilise est payante, mais nous avons mis en place des pare-feux, des systèmes de protection contre les spams, donc le préjudice qu'ils espéraient nous causer n'a pas eu lieu. Par ailleurs, nous avons une collecte en ligne qui a été lancée et qui nous permet de nous rembourser les frais qu'on a avancés et d'imaginer pouvoir relancer ce numéro dans quelques jours, quand ça se sera calmé, de manière un peu plus pérenne.
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