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Moins payée que ses collègues masculins, une salariée de Generali obtient 169 000 euros d'indemnités

Cette salariée gagnait 416 euros de moins que l'un de ses collègues masculins, embauché un an après elle.

Article rédigé par Philippe Duport
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le Conseil des Prud'hommes de Nantes en novembre 2018. (CAPTURE ECRAN GOOGLE MAPS)

Elle a passé plus de 40 ans dans la même entreprise. Une salariée de l'assureur Generali en charge de l'indemnisation des salariés, décrite comme "très bonne technicienne, travailleuse, sérieuse, d'une grande efficacité" par ses supérieurs, s'est rendue compte en 2010 qu'elle était moins bien payée que son collègue masculin, pourtant embauché un an après elle.

Après avoir demandé une augmentation, obtenue partiellement, elle décide, une fois à la retraite, d'attaquer son employeur au conseil des prud'hommes de Nantes. La salariée lésée vient d'obtenir la différence de salaire avec son collègue soit 416 euros par mois. Generali a été condamné à lui verser 169 000 euros de dommages et intérêts, auxquels s'ajoutent 5 000 euros pour violation des accords relatifs à l'égalité professionnelle, plus 5 000 euros de préjudice moral.

Une entreprise pourtant bien notée dans l'index de l'égalité salariale

Pourtant, l'entreprise Generali est plutôt bien notée dans le nouvel indice de l'égalité salariale instauré il y a un an. L'entreprise est à 92 sur 100. Sachant qu'une note en dessous de 75 est considérée comme très mauvaise. Cet index de l'égalité salariale est public, quelques exemples sont ainsi recensés par France Inter : Bolloré Logistics 69%, Caisse d'épargne Bretagne Pays de la Loire 74%, GRDF 73%, Radio France 73%. Interrogée sur franceinfo, l'économiste et fondatrice des Glorieuses, Rebecca Amsellem, s'étonne de ce niveau d'indemnisation, relativement inédit.

En quatre ou cinq ans, c'est la première fois que je vois une entreprise condamnée à une amende aussi élevée.

Rebecca Amsellem, fondatrice des Glorieuses

à franceinfo

"Et surtout qui intègre le principe de rétroaction, ce qui n'avait pas été le cas jusqu'à présent", explique Rebecca Amsellem.

Pour Olivier Picquerey, avocat en droit social au cabinet Allen & Overy, cette décision a en effet "un caractère exceptionnel". "Il y a une raison simple qui fait que, normalement, ces condamnations sont relativement faibles : c'est qu'il y a un délai de prescription. La demande doit être introduite dans les cinq ans et on peut demander un rappel de salaire sur trois ans uniquement."

Mais l'avocat précise que "ce type de demande peut avoir lieu à tous les stades de la carrière. Au moment d'une prise ou d'un changement de poste, au moment où une salariée va revenir de congé maternité. Cela peut être au moment du départ en retraite. Il n'y a pas de règle, mais on voit quand même très souvent que ce type de demande va arriver au moment de la rupture du contrat de travail", explique Olivier Picqueray, qui note que ce type de situations se multiplie.

L'écart de salaire entre hommes et femmes est toujours de 12,5%

Si l'égalité salariale est inscrite dans la loi depuis 40 ans, "rien n'a été fait au niveau juridique pour protéger les salariés contre cette discrimination", dénonce Rebecca Amsellem. "En France, il y a encore un écart de salaire de 12,5% entre les femmes et les hommes."

Mais l'économiste pointe aussi le problème de la progression de carrière. "Au niveau du premier emploi, à la sortie des écoles, le salaire est égal entre les femmes et les hommes. C'est au moment du premier enfant que l'écart se creuse, à savoir au début de la trentaine environ. L'écart de rémunération se creuse considérablement entre les femmes et les hommes", détaille Rebecca Amsellem. Selon l'économiste, il y a un travail "sociétal [à faire], au niveau des entreprises, au niveau des employeurs" pour remédier à cette inégalité.

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