Horaires décalés, cadence infernale et salaire minime : dans le secteur de la propreté, des employées toujours confrontées à une forte précarité

Les employés du secteur de la propreté, qui sont essentiellement des femmes, subissent un rythme infernal pour des salaires dérisoires.
Article rédigé par franceinfo
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Dans le secteur de la propreté, la durée minimale de travail est de 16 heures par semaine. (BERTRAND BECHARD / MAXPPP)

Les femmes sont toujours moins bien payées que les hommes : 23,5% de moins en moyenne dans le privé, selon l'Insee, qui a publié de nouveaux chiffres mardi 5 mars. Cela représente un écart d'environ 6 000 euros par an, notamment parce que les femmes sont plus souvent en temps partiel. Un rythme de travail qu'elles ne choisissent pas forcément. Le secteur le plus concerné est celui de la propreté, qui emploie en majorité des femmes : 85% de ces employées sont à temps partiel subi.

C'est notamment le cas parce que les métiers de la propreté sont souvent externalisés. Les entreprises, qui font appel à des prestataires, ne décident pas des horaires et du nombre d'heures dont les femmes de ménage ont besoin pour nettoyer leurs locaux. Les amplitudes sont bien souvent très courtes, une ou deux heures par site : les employées doivent donc multiplier les clients, mais difficile quand toutes les entreprises veulent un service de nettoyage au même moment. C’est-à-dire, bien souvent, très tôt le matin ou très tard le soir.

Vers la fin des horaires décalés ?

Une des solutions serait de leur permettre de travailler en journée. Le Premier ministre Gabriel Attal a d'ailleurs promis d'en finir avec ces rythmes dans l'administration. Mais, que ce soit dans le public ou le privé, il y a encore du chemin à faire. Selon la Fédération des entreprises de propreté, qui représente 16 000 structures, le travail en journée est très peu pratiqué : à peine 8% de ces entreprises. Parmi elles, Candor, implantée en Normandie. Un quart de ses salariées environ travaillent en journée : "C'est carrément plus pratique", assure Cécilia Lecroq, qui fait partie de ces employées. Elle peut désormais avoir plusieurs clients, du matin au soir, sur des horaires normaux, bien plus confortables pour cette mère célibataire et ses enfants : "Maintenant ils sont la journée à l'école. Maman au boulot. Et quand tout le monde rentre, tout le monde se retrouve. Il n'y a pas trop de frais de déplacement et de coupures entre les contrats."

L'autre avantage pour cette salariée, c'est d'être désormais visible du client : "Au moins il a vu ce que j'ai fait et c'est plus valorisant de se dire que s'il manque quelque chose, c'est parce qu'il l'a vu, pas parce qu'il ne l'a pas vu." Mais ces horaires en journée ne suffisent pas toujours : même en ayant plusieurs clients, cela reste difficile d'avoir assez d'heures et un salaire correct. En moyenne 1 600 euros par mois dans le secteur de la propreté, où la durée minimale de travail est de 16 heures par semaine. La CFDT, par exemple, réclame à la branche un alignement sur les 24 heures hebdomadaire minimum fixées dans les autres secteurs.

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