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Après les "regrets" des "Inrocks", la polémique autour de la une sur Bertrand Cantat en 4 actes

L'hebdomadaire a reconnu, mardi, que le choix de mettre le responsable de la mort de Marie Trintignant en couverture était "contestable".

Article rédigé par franceinfo
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Le chanteur Bertrand Cantat, condamné pour le meurtre de son ex-compagne Marie Trintignant, en une du numéro du 11 octobre 2017 de l'hebdomadaire culturel "Les Inrocks". (LES INROCKS)

"Le mettre en couverture était contestable. A ceux qui se sont sentis blessés, nous exprimons nos sincères regrets" : l'hebdomadaire culturel Les Inrockuptibles a répondu, mardi 17 octobre, aux critiques visant la couverture de son édition du mercredi 11. Celle-ci mettait à l'honneur le chanteur Bertrand Cantat, condamné pour avoir tué son ex-compagne Marie Trintignant en 2003. Un choix critiqué notamment par la secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, et par un édito du magazine Elle cette fois. Franceinfo revient sur les différents épisodes de cette polémique.

Acte 1. "Les Inrocks" publient leur une

La polémique éclate dès la publication par Les Inrockuptibles de leur couverture sur Twitter, mardi 10 octobre, la veille de la parution de l'hebdomadaire en kiosque. Bertand Cantat y apparaît en pleine page. La une est barrée d'une longue citation, cachée sur le tweet mais visible sur le magazine. Celui qui a été condamné en 2003 à huit ans de prison pour avoir porté des coups mortels à Marie Trintignant évoque sa "reconstruction" et le fait qu'il ait été "émotionnellement (...) incapable de lire, d'écouter".

Acte 2. Les critiques s'abattent sur le magazine

La publication de cette une déclenche de nombreuses réactions d'oppositions, notamment sur Twitter. 

La démarche a également fait réagir des personnalités politiques, à commencer par la secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa.

Acte 3. Le magazine "Elle" répond par un édito sur Trintignant

"Marie Trintignant, on ne t’oublie pas", écrit l'hebdomadaire Elle, mardi 17 octobre, dans un édito tiré de son nouveau numéro, et accompagné d'une photo de l'actrice en pleine page. "Il faudra davantage que la médiatisation obscène de Bertrand Cantat pour éteindre ta flamme", écrit la journaliste Dorothée Werner, pour qui le visage de la jeune femme est devenu "celui de toutes les femmes victimes de la violence des hommes"

"L'idée n'est pas d'appeler à la disparition d'un homme : il a le droit de mener sa vie comme il l'entend, mais pas en une d'un magazine", explique la rédactrice en chef du magazine, Katell Pouliquen, mercredi sur franceinfo. Entre temps, Les Inrocks avaient publié des excuses, qui "arrivent un peu tard" à ses yeux.

Acte 4. "Les Inrocks" admettent un choix "contestable"

Une semaine après la naissance de la polémique, Les Inrocks ont finalement réagi mardi, en mettant en ligne un édito adressé à ses lecteurs, publié dans son numéro du 18 octobre. "La souffrance qu'a pu engendrer cette couverture nous a profondément touchés", affirme la rédaction, qui estime a posteriori que mettre Bertrand Cantat en couverture "était contestable. A ceux qui se sont sentis blessés, nous exprimons nos sincères regrets".

A en croire ce texte, la une a fait débat au sein même de la rédaction : "Un journal est un bloc, mais c’est aussi un groupe d’individus qui, naturellement, ne sont pas tout le temps d’accord sur tout, et notamment sur cette couverture." Le journal assure que des discussions "animées et constructives" ont suivi sa publication.

L'hebdomadaire culturel explique tout de même son choix de mettre en lumière l'ancien chanteur de Noir Désir, qui publiera en décembre son premier album en solo, dont un extrait a été dévoilé début octobre, par sa volonté de "traiter et de mettre en scène les sujets que nous estimons importants. Pour un magazine comme Les Inrockuptibles, le retour de Bertrand Cantat à la musique en fut un"Rappelant qu'en 2013, c'est déjà dans Les Inrocks que Bertrand Cantat avait évoqué pour la première fois la mort de Marie Trintignant. Un choix éditorial qui avait déjà fait polémique.

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