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Vidéo Philippines : carnage d'Etat

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Durée de la vidéo : 40 min
Envoyé spécial. Philippines : carnage d'Etat
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Article rédigé par France 2
France Télévisions

Reportage au pays du président Rodrigo Duterte, qui a distribué des "permis de tuer" aux forces de l'ordre et aux habitants des Philippines. Sa guerre contre les dealers et les drogués a déjà fait plus de 3 000 morts en trois mois.

Lors de son accession au pouvoir en mai 2016, le président philippin Rodrigo Duterte a la main sur la Bible… et le doigt sur la gâchette. Avant même d'entrer en fonctions, le nouveau "shérif de Manille" appelle explicitement au meurtre des dealers. Et les drogués ? "Putain, je vais tous les tuer !" promet-il une fois élu.

Depuis trois mois, la mort plane sur Manille, où les tueurs sont souvent les policiers eux-mêmes. On peut être exécuté sur simple soupçon de trafic de drogue, et personne ne se sent à l'abri. La nouvelle politique antidrogue des Philippines ressemble à un bain de sang… Elle a déjà fait plus de 3 000 morts. La photo de "la Pietà de Manille", tenant dans ses bras son petit ami assassiné, a fait le tour du monde.

Plutôt l'enfer de la prison que la mort dans la rue

Dans les bidonvilles, les descentes de police se multiplient. Les policiers ne sont pas les seuls à faire la chasse aux dealers et aux drogués. A moto dans les rues de Manille, des tueurs à gage officiant en binôme sèment la terreur et la mort. Les deux tiers des homicides sont leur œuvre. A tel point qu'en prison, on est presque soulagé de vivre l'enfer dans des locaux sordides et surpeuplés –  c'est toujours mieux que dehors. 

Du côté des stups philippins, le discours est hallucinant : pour lutter contre la drogue, il faut "couper la demande"… donc s'attaquer aux consommateurs plutôt qu'aux dealers. Quels sont les résultats de cette politique antidrogue ultramusclée ? Les saisies de chabou, la méthamphétamine locale, ont explosé. Mais question prévention et soins, c'est le néant. Sur les 700 000 toxicomanes qui se sont rendus aux autorités, 500 ont obtenu une place dans un centre de désintoxication. 

Un reportage de Pierre Monégier, Florian Le Moal, Emmanuel Lejeune et Rica Concepcion, diffusé dans "Envoyé spécial" le 3 novembre 2016. 

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