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Drogue : "On veut faire croire que pour lutter contre les trafics, il faut s'attaquer aux consommateurs", déplore le Syndicat de la magistrature

Le Syndicat de la magistrature fait partie du collectif qui a lancé une pétition demandant la suppression des sanctions pénales pour l'usage de drogues.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Temps de lecture : 2min
Des fleurs de cannabis destinées à être vendues comme tisanes dans un commissariat de Brest, dans l'ouest de la France, le 1er août 2018. Photo d'illustration. (FRED TANNEAU / AFP)

"Il y a 14 fois plus de moyens qui sont dédiés à la répression qu'à la prévention et à la politique sanitaire et sociale", a regretté lundi 26 juin sur franceinfo Samra Lambert, secrétaire nationale du Syndicat de la magistrature, alors qu'Emmanuel Macron a annoncé que les amendes pour possession ou consommation de cannabis "pourront être payées immédiatement", en carte bancaire ou en liquide.

franceinfo : Que pensez-vous de cette annonce ?

Samra Lambert : Ce que l'on constate c'est qu'encore une fois on veut faire croire que pour lutter contre les trafics, il faut s'attaquer aux consommateurs. Le gouvernement joue sur ce fantasme de guerre à la drogue en confondant à l'envie l'usage récréatif et l'usage problématique.

Vous faites partie du collectif qui a lancé lundi une pétition, sur la plateforme de l'Assemblée nationale, demandant la suppression des sanctions pénales pour l'usage de drogues, déplorant "l'inefficacité de la politique répressive" en France. Que proposez-vous ?

La pétition qui est ouverte à signature a pour but de supprimer les sanctions liées à l'usage. On a fait le constat d'un dysfonctionnement de la politique pénale, de sanction des usages. On a une sévérité au niveau de la police et de la justice. On a un usager interpellé toutes les quatre minutes, un taux de réponse pénale de 98% et pour autant la consommation ne cesse d'augmenter. On est le premier pays consommateur de cannabis en Europe, en ce qui concerne la consommation de cocaïne et de MDMA et ecstasy on est au-dessus de la moyenne des pays européens.

"On demande simplement une mobilisation pour répondre à nos engagements internationaux puisque les Nations unies et l'Organisation mondiale de la santé ont appelé, en 2017, à l'abrogation, des sanctions liées à l'usage."

Samra Lambert, secrétaire nationale du Syndicat de la magistrature

à franceinfo

Selon vous, la sanction entrave l'accès aux soins. Pourquoi ?

Il y a 14 fois plus de moyens qui sont dédiés à la répression qu'à la prévention et à la politique sanitaire et sociale. On fait le constat que les usagers ont peur de la sanction et de la stigmatisation. Cela est lié à l'interdit pénal et à des personnes qui vont être en situation d'overdose et qui ne vont pas appeler les secours. Donc, on échoue sur tous les objectifs.

Non seulement, on ne lutte pas contre les trafics, parce que seulement 8% des moyens sont orientés vers les trafics et que 80% des personnes interpellées le sont pour usage et pas pour trafic. Mais on échoue également à prendre en charge les usages qui seraient problématiques puisque l'amende forfaitaire délictuelle ne permet aucune évaluation, or une prise en charge adaptée à une problématique nécessite une évaluation préalable.

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