Drogue aux Philippines : Amnesty International réclame à l'ONU une enquête sur les meurtres perpétrés par les autorités
L'ONG dénonce la politique répressive du président Rodrigo Duterte, qui a fait abattre ces dernières années des milliers de trafiquants et toxicomanes présumés.
Officiellement, la guerre contre la drogue menée par le gouvernement philippin a tué plus de 6 600 personnes depuis trois ans. Mais les ONG et défenseurs des droits humains estiment qu'il y aurait en réalité quatre fois plus de victimes. Face à cette répression, Amnesty International a réclamé à l'ONU une enquête indépendante, lundi 8 juillet, dénonçant des abus devenus "systématiques", perpétrés dans "l'impunité".
Le président Rodrigo Duterte est arrivé au pouvoir en 2016 sur la promesse d'éradiquer le trafic de drogue en faisant abattre des dizaines de milliers de trafiquants et toxicomanes présumés. Parmi les victimes figurent des dizaines de jeunes enfants, rapporte le quotidien québécois La Presse. Dans son deuxième rapport sur le sujet, Amnesty déclare que les victimes sont principalement des Philippins pauvres qui figurent pour beaucoup sur "des listes de surveillance de la drogue". Leurs noms sont fournis par des autorités locales soumises à des "pressions immenses" de la part des policiers pour leur livrer un flux constant de suspects. "Pire, ceux qui figurent sur les listes de surveillance semblent y être indéfiniment, sans aucun moyen d'en être retirés, même s'ils ont suivi des traitements et ont arrêté de consommer de la drogue", dénonce l'ONG.
"Echec de la communauté internationale"
"L'échec de la communauté internationale à apporter une véritable réponse à ces graves violations des droits humains (...) a encouragé le gouvernement à élargir la répression aux médias indépendants, aux défenseurs des droits humains et aux militants politiques", poursuit le rapport.
L'ONG appelle le Conseil des droits de l'homme de l'ONU à ouvrir une enquête indépendante "afin de mettre fin à ces crimes, de fournir justice et réparations aux familles et victimes innombrables". L'Islande a proposé au Conseil, qui siège à Genève depuis le 24 juin, un projet de résolution, soutenu principalement par des pays occidentaux, demandant au Haut-Commissariat aux droits de l'homme d’évaluer la crise liée à la guerre antidrogue aux Philippines. Alors que le Conseil devrait voter sur le texte avant le 12 juillet, Manille a de nouveau demandé à la communauté internationale de se mêler de ses affaires.
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