Agression homophobe par un agent de Thalys : "Nous avons dû voyager sans savoir si nous tomberions à nouveau sur lui"
L'homme, qui a interdit à deux jeunes femmes de s'embrasser sur un quai de la gare du Nord, a été mis à pied par la compagnie ferroviaire, jeudi, plus de trois semaine après qu'elle ait été informée de l'incident.
Un baiser d'adieu sur le quai d'une gare, quoi de plus normal ? Ce n'est pas ce qu'un employé de la compagnie ferroviaire européenne Thalys aurait expliqué, lundi 16 février, à un couple de femmes qui s'embrassaient sur un quai de la gare du Nord, à Paris. L'homme a qualifié le baiser "d'intolérable", selon le témoignage d'une des deux femmes, relayé par l'association de lutte contre les discriminations homophobes All Out, qui a lancé, jeudi 12 mars, une pétition. Quelques heures plus tard, Thalys a annoncé la mise à pied de l'employé concerné.
L’enquête initiée dès le signalement de cet acte homophobe a conduit à la suspension de cet employé, dans l’attente de futurs développements.
— Thalys (@thalys_fr) March 12, 2015
Dans sa plainte auprès de la compagnie ferroviaire, Mirjam, une Néerlandaise qui s'apprêtait à monter dans le train pour Amsterdam, explique qu'un agent en uniforme Thalys aurait couru, très énervé, vers sa petite amie et elle pour les empêcher de s'embrasser. Aux protestations des deux jeunes femmes, il aurait répondu : "Je ne fais que mon travail, c'est une gare, il y a des enfants", rapporte la jeune femme dans son message à la compagnie. L'homme aurait poursuivi en assurant que le baiser ne lui aurait pas posé problème dans le cas d'un couple hétérosexuel. Une scène qui s'est déroulée sous les yeux d'un témoin, et que Mirjam a rapporté à Thalys deux jours plus tard.
Une agression "très traumatisante" pour Marjam
Interpellée jeudi par des internautes sur Twitter, Thalys a d'abord affirmé qu'elle condamnait "tous les propos et actes homophobes". Puis elle a annoncé que l'employé mis en cause avait été mis à pied à titre conservatoire, en attendant les résultats de l'enquête interne. Thalys aurait-elle cédé à la polémique, alors que la pétition avait reçu plus de 40 000 signatures jeudi soir ? Contactée, l'entreprise affirme qu'elle s'apprêtait à informer la jeune femme de la mise à pied du salarié quand le texte a été publié.
Une réaction tardive qui ne satisfait pas Mirjam. "J’ai reçu un unique message standardisé en trois semaines et demi. Je pense que c’est très insuffisant quand quelqu’un vous envoie une plainte concernant une agression homophobe très traumatisante, estime-t-elle, contactée par francetv info. Nous avons dû voyager à nouveau dans le Thalys sans savoir si nous risquions à nouveau de tomber sur lui, ou d’être traitées de la même manière par un autre employé."
Une entreprise à l'image "gay-friendly"
La jeune Néerlandaise s'attendait à une réponse "forte et rapide" de la part d'une entreprise qui se présente comme un soutien de la communauté LGBT. Aux Pays-Bas, la compagnie ferroviaire participe à la Marche des fiertés et, en 2013, elle mettait en scène des couples homosexuels dans une campagne d'affichage. Guillaume Bonnet, directeur de campagnes pour All Out, explique que l'association, en dénonçant le comportement de Thalys, veut "pousser les entreprises à aligner leur discours sur leurs actes".
Mirjam espère maintenant que l'entreprise reconnaîtra publiquement sa responsabilité dans l'incident, et reverra sa politique contre les discriminations pour s'assurer que ce type d'incidents n'aient plus lieu : "Peut-être qu'avec une meilleure formation [du personnel de Thalys], ça ne serait pas arrivé." Thalys, qui parlait jeudi d'un "incident isolé", a finalement annoncé dans un communiqué, vendredi, qu'il serait utilisé "comme un cas-type", dans le cadre des formations qu'elle organise déjà, pour sensibiliser ses agents contre les discriminations.
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