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L'entrée de Simone Veil au Panthéon, un "symbole très fort" de son "combat pour les femmes", explique son biographe

Simone Veil n'est que la cinquième femme à faire son entrée au Panthéon. La défense des droits des femmes, notamment en autorisation le droit à l'avortement, a été l'"axe central de sa vie".

Article rédigé par franceinfo
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Simone Veil, le 19 mai 2009, à Paris. (DANIEL FOURAY / MAXPPP)

Un an après sa mort, Simone Veil fait son entrée au Panthéon, à Paris, dimanche 1er juillet. Elle est la première femme à être accompagnée par son mari, Antoine, et non l'inverse. "C'est un symbole très fort", a estimé sur franceinfo Maurice Szafran, auteur de la biographie Simone Veil : destin.

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franceinfo : Simone Veil est la première femme qui ne suit pas son mari mais qui est suivie par son mari au Panthéon. Est-ce un symbole fort de sa lutte pour les femmes ?

Maurice Szafran : Oui, parce que si on essaie de synthétiser le parcours inouï et à la fois dramatique de Simone Veil, on se rend compte que le combat, non pas féministe, mais le combat pour les femmes a été l'axe central de sa vie. Cette panthéonisation accompagne parfaitement ce destin-là. Ce qui est bien dans le fond, c'est qu'on a oublié la violence inouïe de cette période de 1975 [lors de l'adoption de la loi sur l'interruption volontaire de grossesse]. Elle a été vilipendée avec les mots les plus épouvantables et les plus orduriers par son propre camp politique. Cette loi passe grâce au combat des femmes et parce que la gauche vote pour cette loi que voulait Valérie Giscard d'Estaing. C'est vraiment une volonté du président Giscard d'Estaing. Les députés de droite accusent Simone Veil d'être une nazie. Jacques Chirac, qui n'était pas extrêmement favorable à la loi, va la soutenir des nuits entières à l'Assemblée nationale de façon très active, parce qu'il s'est rendu compte à quel point des hommes de son camp la traitent de façon très ordurières. Et ça a été une souffrance absolument terrible.

Quels sont les moments importants qui ont construit Simone Veil ?

Les deux moments clés de la vie de Simone Veil, c'est effectivement la relation avec sa mère. C'est là que naît le féminisme et le combat pour les femmes de Simone Veil. Quand elle est très jeune et à peine adolescente, elle ne supporte pas le sort de sa mère qui n'a pas le droit d'étudier alors qu'elle voulait faire des études. Elle considère que c'est une injustice absolument fondamentale. Et puis cette histoire qu'elle racontait volontiers de cette femme qui était obligée de rendre des comptes financiers au centime près à son mari et ça lui était insupportable. Toute la vie professionnelle de Simone Veil, quand elle a épousé Antoine Veil, a été notamment construite pour son indépendance financière. On retrouve parfaitement dans son enfance toutes les racines de la suite.

Ensuite, l'autre moment clé, c'est bien entendu le camp d'Auschwitz. Mais là encore, il ne faut pas oublier qu'elle va au camp et qu'elle vit au camp avec sa mère et avec sa sœur. Ce qui effectivement, alors que tous les historiens expliquent que le système de déshumanisation du camp fait qu'on se bat pour sa propre survie, elle ne se bat pas seulement au camp pour sa propre survie, elle se bat aussi pour la survie de sa mère. Donc c'est une déportation extrêmement particulière.

Après la déportation, elle n'aimait plus faire la queue, ne voulait plus être touchée.

Quand vous connaissiez bien Simone Veil, vous constatiez vite qu'elle n'embrassait pas les gens, qu'elle serrait la main simplement. C'était tout à fait marquant. L'autre point essentiel c'est qu'après la déportation, elle qui vivra sur le camp politique plutôt avec le centre droit, elle ne se trompera jamais dans le combat pour les opprimés. Elle prendra toujours le parti des opprimés. Par exemple, pendant les pires moments de la guerre d'Algérie, elle était dans l'administration pénitentiaire et elle protégeait les militantes algériennes du FLN qui étaient traitées dans les prisons françaises de façon absolument scandaleuse, absolument barbare. Cela lui rappelait en partie, même s'il n'y a aucune comparaison à faire, le camp. Et elle obtiendra que les prisonnières du FLN soient transférées dans la région parisienne et soient emprisonnées dans des conditions beaucoup plus humaines.

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