Le gouvernement sur le point d'enterrer la généralisation du CV anonyme ?
Un rapport sur les discriminations, qui se prononce contre cette mesure, sera remis mardi à trois ministres, dont celui de la Ville, qui y voit lui-même "une fausse bonne idée".
Le CV anonyme pourrait bien retomber dans les oubliettes. Le dispositif, censé être obligatoire dans toutes les entreprises de plus de 50 salariés depuis une loi de 2006 jamais mise en œuvre, semble avoir du plomb dans l'aile. Le ministre de la Ville, Patrick Kanner, se prononce contre cette mesure, dans une interview aux Echos, mardi 19 mai. Il abonde dans le sens d'un groupe de travail contre les discriminations qui doit lui remettre mardi, ainsi qu'aux ministres de la Justice et du Travail, son rapport final.
"Est-ce que c'était une fausse bonne idée ?" s'interroge Patrick Kanner dans Les Echos. Il assure n'avoir "jamais cru" à cette mesure, "comme le ministre du Travail, François Rebsamen". Le ministre se dit convaincu que le CV anonyme "freinerait, voire ferait renoncer à des embauches" et "ne permettrait pas de valoriser les différences".
Modifier la loi de 2006 pour rendre le CV anonyme facultatif
Dans le rapport qu'il remettra mardi aux trois ministres, le groupe de travail sur les discriminations "s'est majoritairement prononcé contre le caractère obligatoire de l'anonymisation des CV", écrit son président, notamment à cause de son coût et de la lourdeur administrative de sa mise en œuvre. Le texte suggère de modifier la loi votée en 2006, pour rendre ce CV anonyme facultatif.
Le groupe de travail fait également plusieurs propositions pour lutter contre les discriminations dans le monde du travail, dont l'instauration d'un "recours collectif" permettant à des associations ou organisations syndicales de demander réparation au nom des victimes de discriminations à l'embauche ou dans l'emploi. Selon Patrick Kanner, cette mesure sera intégrée à la future loi "justice au XXIe siècle" de Christiane Taubira.
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