Clemenceau : la fin du périple
L'association finistérienne Agir pour l'environnement et pour le développement durable (AE2D) avait déposé un ''ultime recours en vue de suspendre le départ de la coque Q 790 compte tenu des problèmes environnementaux posés par le démantèlement du navire tant dans le Finistère qu'en Grande-Bretagne'', selon son avocat, Me David Rajjou. AE2D, comme d'autres associations locales, souhaite la création d'un ''pôle brestois dans une filière européenne'' de démantèlement de navires anciens et de recyclage des épaves, un projet, selon ses partisans ''créateur d'emplois'' dans le respect des normes environnementales.
Ces dernières péripéties autour de l'ex-fleuron de la marine française traduisent la vive passion qui subsiste autour de ce dossier. Désarmé en 1997 et stationné à Toulon, l'ex-Clemenceau va d'abord servir de garage à pièces de rechange pour l'autre porte-avions français, le Foch, avant d'être cédé à une société espagnole pour son démantèlement, en 2003. Mais la France suspend le contrat, se rendant compte que l'acquéreur ne le transfère pas vers la péninsule ibérique, mais vers la Turquie.
Une fois de retour à Toulon, la France effectue une partie de son désamiantage -115 des 160 tonnes sont retirées, selon le ministère de la Défense- et cède la coque à un chantier indien, qui achèvera le chantier de désamiantage. Fin décembre 2005, il quitte la France pour un long périple, via le canal de Suez. Mais le Conseil d'Etat, le 15 février 2006, suspend le transfert du vieux porte-avions, en le requalifiant de déchet et ordonne son retour en France. La coque Q790 rallie Brest le 17 mai de la même année.
Après expertise de la coque, les autorités ouvrent un appel d'offres européen pour son démantèlement. Les Brestois se positionnent pour constituer à Brest une filière de déconstruction. C'est finalement le chantier britannique Able qui remporte le marché. Depuis, les opposants ne cessent de stigmatiser ce chantier qui ressemble plus à "un parking de vieux bateaux qu'à un véritable chantier de démantèlement'', se moque Jean-Paul Hellequin, président de l'association Mor Glaz (Mer bleue, en breton), basée à Landerneau.
Le remorqueur britannique Anglian Earl, chargé de la traversée, conduit la coque de Brest jusqu'à Teeside, sur la côte nord-est de l'Angleterre. Un parcours de 1.400 kilomètres qui pourrait prendre entre quatre et six jours selon les conditions de mer, a indiqué la préfecture maritime.
Caroline Caldier avec agences
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