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Commémorations du 8 mai 1945 : les opposants à Emmanuel Macron critiquent sa journée loin du public et des casseroles

Les détracteurs de la réforme des retraites estiment que les Français ont été tenus à distance de cet hommage national, dans un contexte de contestation sociale.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Emmanuel Macron lors des commémorations du 8 mai 1945 à Paris, le 8 mai 2023. (XOSE BOUZAS / AFP)

Il n'y a pas eu de consensus national. Au soir des commémorations du 8 mai 1945, de nombreuses voix se sont élevées, dans l'opposition, pour dénoncer l'organisation des cérémonies par l'exécutif, plus particuliÚrement les périmÚtres de sécurité importants et l'interdiction de manifestations à Paris et Lyon. 

La journĂ©e a dĂ©butĂ© par la traditionnelle cĂ©rĂ©monie Ă  Paris, oĂč Emmanuel Macron a remontĂ© en voiture une avenue des Champs-ÉlysĂ©es quasiment vide, jusqu'Ă  la tombe du soldat inconnu sous l'Arc de triomphe. Les photos d'un Ă©cran gĂ©ant retransmettant la cĂ©rĂ©monie devant la place dĂ©peuplĂ©e de l'Étoile ont Ă©tĂ© beaucoup relayĂ©es par l'opposition sur les rĂ©seaux sociaux.

"Macron seul contre le peuple", a notamment écrit Thomas Portes, député de La France insoumise en Seine-Saint-Denis, sur son compte Twitter.

"Emmanuel Macron est si isolé, si déconnecté, qu'il se trouve désormais contraint de célébrer seul des commémorations pourtant censées illustrer et renforcer la cohésion nationale", a tancé de son cÎté Marine Le Pen, députée du Rassemblement national dans le Pas-de-Calais.

Un périmÚtre de sécurité aux Champs-Elysées

Les images de la cĂ©lĂšbre avenue vide s'expliquent en partie par l'interdiction de toute manifestation, prise par la prĂ©fecture de police de Paris, dans un large pĂ©rimĂštre autour des Champs-ElysĂ©es. Un important dispositif policier filtrait les entrĂ©es et les sorties de cette zone, et des barriĂšres empĂȘchaient le public de se masser au bord des trottoirs de l'avenue. A noter que l'an passĂ©, les Champs-ElysĂ©es Ă©taient dĂ©jĂ  trĂšs peu frĂ©quentĂ©s au passage du chef de l'Etat.

Sur place, certains Ă©taient déçus, d'aprĂšs des tĂ©moignages recueillis par l'AFP. "On voulait voir le prĂ©sident, on est trĂšs déçu. On ne comprend pas bien pourquoi il y a tout ce bazar", a dĂ©plorĂ© un spectateur, bloquĂ© avec sa fille Ă  200 m de la cĂ©lĂšbre avenue. "Les cĂ©rĂ©monies militaires, c'est fait pour que la population soit derriĂšre le drapeau. C'est quand mĂȘme dommage pour la France", a abondĂ© un habitant du quartier.

ContactĂ©e par franceinfo, la prĂ©sidence souhaite rappeler que "les Champs-ElysĂ©es restaient ouverts au public", mĂȘme si "comme chaque annĂ©e, un dispositif de sĂ©curitĂ© Ă©tait prĂ©vu". Elle met aussi en avant la prĂ©sence "de jeunes, collĂ©giens et lycĂ©ens, dans la tribune des invitĂ©s", sur un total de 984 personnes.

Des manifestants tenus Ă  distance Ă  Lyon

Le chef de l'Etat s'est ensuite rendu Ă  Lyon pour rendre hommage Ă  Jean Moulin. Avant de visiter la prison de Montluc, oĂč le chef de la rĂ©sistance a Ă©tĂ© dĂ©tenu et torturĂ©, Emmanuel Macron a Ă©tĂ© interpellĂ© par un sĂ©nateur Ă©cologiste. "On aurait aimĂ© qu'il y ait un peu plus de monde", lui a lancĂ© l'Ă©lu du RhĂŽne Thomas Dossus, au moment des poignĂ©es de main. "Je pense que l'esprit civique gagnerait Ă  ĂȘtre largement diffusĂ©. (...) Les fautes de ton ne sont jamais bonnes", lui a sĂšchement rĂ©pondu Emmanuel Macron.

"Il aurait fallu apaiser la situation avant, pour qu'une cérémonie aussi importante puisse avoir lieu avec un public plus large", a ensuite développé le parlementaire devant les médias sur place. Une position soutenue par Marine Tondelier, la secrétaire générale d'Europe Ecologie-Les Verts : "Oui, il fallait rendre hommage à Jean Moulin. Oui il est dommage de devoir interdire la population pour que cela se passe bien", a-t-elle réagi sur Twitter.

Autour de la prison de Montluc, comme le long du parcours présidentiel à Paris, les manifestations étaient interdites et de vastes périmÚtres de sécurité avaient été mis en place. Le but était notamment d'éviter les "casserolades", devenues systématiques à chaque déplacement du président et des membres du gouvernement depuis la promulgation de la trÚs contestée réforme des retraites.

Quelque 3 000 personnes selon la prĂ©fecture et 5000 selon la CGT ont tout de mĂȘme manifestĂ© Ă  l'extĂ©rieur de la prison de Montluc, certains tapant sur des casseroles. A plusieurs centaines de mĂštres de lĂ , Emmanuel Macron a effectuĂ© sans encombre sa visite.

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