Société : la France des oubliés
24 % des personnes interrogées souhaitent un succès du Parti socialiste ou de ses alliés. 20% la victoire d'une liste UMP et 17% un succès du Front national. Souvent ce scrutin désavantage le parti de Marine Le Pen. Le discrédit des partis traditionnels semble plus fort que jamais. Derrière ce constat, beaucoup voient l'émergence d'une France des oubliés. Ceux qui se sentent dépossédés de leur mode de vie traditionnel. Un livre s'en fait l'écho, il s'appelle "Les Petits blancs".
Ils partagent un sentiment de déclassement. Des Français qui vivent en banlieue, dans les campagnes, ou dans ces zones qui ont souffert de la désindustrialisation. Ceux qu'Aymeric Patricot appelle dans son ouvrage Les petits blancs. Ces Français blancs, pauvres ou modestes qui se sentent délaissés. Derrière leurs inquiétudes un sentiment d'abandon.
On baisse les bras car en travaillant on est toujours en train de payer. On a l'impression qu'on ne nous aide pas, qu'on fait rien pour nous.
Il y a un manque de logements pour nous. Cela fait cinq ans que je demande un logement, je ne l'ai pas.
On n'est pas soutenu. Dès qu'on dit un truc, on nous dit qu'on est raciste. Ils ont tous les droits, et bien voilà maintenant ils le prennent le droit.
Aymeric Patricot dresse le portrait d'une communauté qu'on ne nomme jamais.
Parfois ils sentent combien on les méprise. Ils se sentent regroupés malgré eux dans une communauté. Mais ils n'auraient pas eu l'idée de se considérer comme blanc il y a 20 ans.
Pour lui, le petit blanc est celui qui est désigné ou se reconnaît comme tel avec des propos parfois durs à la limite de la légalité et un ressentiment à l'égard de populations immigrées qu'ils estiment mieux traitées qu'eux.
Je suis un étranger dans la ville.
Pourquoi dites-vous cela.
Regardez, c'est tout.
A ceux qui vous disent que vous êtes raciste que répondez-vous.
Ah. Ce ne sont pas les Français les plus racistes. Ce sont ceux qui disent qu'on est raciste qui le sont.
Les gens vivent en clan. On se regroupe. Ils se mettent eux-même en marge des autres.
Vous vous sentez exclue.
Nan, je parle à tout le monde, moi.
Un cliché voudrait que les petits blancs soient toujours un peu racistes. C'est insupportable de s'entendre dire ça. Ce sont eux qui se métissent plus que les bourgeois. Ils vivent dans des quartiers métissés. Cela provoque une sorte de gène. On soupçonne ceux qui en parlent de faire le jeu du Front national. Je pense que c'est faux. Au contraire, un moyen de dédramatiser est d'en parler.
A cette crainte identitaire et culturelle s'ajoute parfois aussi un sentiment d'exclusion géographique. Une France avec d'un côté les métropoles, en blanc, qui profitent de la mondialisation, et de l'autre les territoires périphériques, où les habitants se sentent en marge du progrès. C'est ce qu'a mis en avant ce géographe. Ce sentiment de déclassement débouche-t-il toujours SUF un comportement raciste ? Non, pour ce politologue.
On est entre 7 et 8% de Français qui se définirait comme racistes. On a une grande majorité de la population qui dit qu'il faut combattre le racisme. Avec la crise, les Français se montrent plus durs et ont une tendance à se refermer.
Sur le plan politique, si certains de ces Français votent pour les extrêmes, ce sont surtout des abstentionnistes.
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