Société : l'obsession du contrôle
Les psys l'appellent Control Freaks, en français : maniaques du contrôle. Au travail, a la maison, en vacances, ils ne laissent aucune place à l'imprévu : tout doit être maîtrisé.
Dès notre arrivée, la maîtresse de maison effaçait déjà les traces de notre passage.
Il faut que ça soit impeccable.
Oui, toujours. Je suis tout le monde à la trace. Je ne supporte pas les traces au sol et les saletés.
Une maison miroir, un rangement au millimètre près. Pour que l'ordre soit respecte, le contrôle est permanent. Vérifier que les boîtes ne dépassent pas de l'étagère, que les livres de cuisine sont classés par date. Les chaises de jardin, essuyées, alignées.
Il faut que tout soit carre, que je programme tout. L'imprévu, je ne connais pas, ça me perturbe.
Pour que la famille n'en souffre pas trop, elle passe derrière chacun en évitant les reproches. Seul le petit dernier, 6 ans, a son coin à lui dans le salon.
Il y a des choses qui ne sont pas rangées, c'est un bureau pour travailler et il y a des jouets dessus. Ce n'est pas fait pour ça. Je sais qu'il a 6 ans mais il faut qu'il apprenne tôt à ranger.
D'après ce psychothérapeute, le besoin de tout contrôler n'est pas une maladie mais peut le devenir.
Le risque, c'est qu'en prolongeant toute sa vie ce comportement, la personne va avoir une sensation d'enfermement, d'impuissance à pouvoir réagir autrement. Elle en souffre de plus en plus au point d'en tomber malade.
Aujourd'hui, la société favorise Phypercontrôle. Toujours plus, toujours mieux. Ne pas perdre son travail, garder la forme. Etre une épouse mais aussi une mère parfaite.
Quand vous faites garder vos enfants par une nounou, elle a beau connaître son travail, vous préférez qu'elle fasse de telle façon.
J'essaye d'être zen le plus possible mais j'estime avoir relativement besoin de personne.
Je suis débordé, j'ai des choses a faire avant demain. Je pourrais le déléguer a des collaboratrices et ce n'est pas fait.
Ce restaurateur voulait tout maîtriser, un jour il a lâche prise, sa vie était devenue un enfer.
Il fallait que je regarde s'il n'y avait pas de rupture de produits, s'il y avait de la viande de prête, la propreté des verres. Je n'arrêtais pas, c'est non-stop.
Il s'en est rendu malade, un ulcère a l'estomac. Après des séances de coaching, il a appris à déléguer. Il dispose de plus de temps pour voir ses filles.
Je n'ai plus mal à l'estomac, je suis plus serein.
Relaxation, sophrologie ou psychothérapie, tout est bon pour lâcher prise. Paradoxe d'une société lancée dans l'hyper-contrôle.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.