Vidéo de décapitation sur Facebook : retour sur une polémique en quatre actes
Le réseau social a été contraint de s'expliquer après le tollé provoqué par l'autorisation sur le site d'images ultraviolentes, finalement retirées.
Le milliard d'utilisateurs du réseau social Facebook ont eu accès pendant plusieurs heures à une vidéo de décapitation d'une extrême violence. L'entreprise a finalement retiré les images, mardi 22 octobre au soir, après une levée de boucliers impliquant jusqu'à David Cameron, le Premier ministre britannique. L'histoire montre que Facebook doit encore travailler sur son règlement. Retour sur cette polémique en quatre actes.
Acte 1 : Facebook autorise les images de décapitation
Dans la journée de lundi, un utilisateur de Facebook, choqué, prévient la BBC de la présence d'une vidéo ultraviolente sur le réseau social. Les images montrent un homme au visage dissimulé décapitant une femme. Une scène qui se déroulerait au Mexique dans le milieu des cartels de la drogue, selon Arrêt sur images.
La vidéo est par ailleurs intitulée "Défi : est-ce que quelqu'un arrivera à regarder cette vidéo ?" Ces images avaient déjà suscité l'indignation des utilisateurs de Facebook en mai dernier, avant d'être retirées. Mais en ce début de semaine, l'entreprise de Mark Zuckerberg a changé d'avis.
Acte 2 : Facebook se justifie
Devant les demandes d'explications des utilisateurs et de différents médias comme la BBC, Facebook tente de se justifier, lundi. L'entreprise explique que les vidéos sanglantes sont autorisées sur son site tant que le commentaire assortissant les images a pour but de les "condamner" et non de les approuver.
"Facebook a toujours été une plateforme où les gens viennent partager leurs expériences, particulièrement lorsque celles-ci sont liées à des événements controversés sur le terrain comme des violations des droits de l'homme, des actes de terrorisme ou d'autres actions violentes. Les gens partagent ce genre de vidéos pour les condamner. S'ils en faisaient l'apologie, ou si les agissements filmés étaient encouragés, on aurait une approche différente", détaille ainsi Facebook dans un communiqué.
Acte 3 : l'indignation gagne le réseau
Rapidement, de plus en plus d'internautes demandent la suppression de la vidéo, comme le note la BBC. Stephen Balkam, président de l'association américaine Family Online Safety Institute (lien en anglais), se déclare quand à lui "surpris", selon le Huffington Post. Il s'étonne de la mauvaise application par Facebook de son règlement, qui a pourtant "des règles très strictes concernant la nudité, le sexe et même la violence".
"C'est irresponsable de la part de Facebook de mettre en ligne des vidéos de décapitation, surtout sans avertissement. Ils doivent s'expliquer face aux parents inquiets." Le Premier ministre britannique monte au créneau mardi sur Twitter et s'en prend directement au réseau social.
It's irresponsible of Facebook to post beheading videos, especially without a warning. They must explain their actions to worried parents.
— David Cameron (@David_Cameron) October 22, 2013
Acte 4 : Facebook rétropédale
Mardi, pour tenter d'éteindre la polémique, le réseau social décide d'abord de mettre en place des avertissements pour les vidéos jugées violentes : "ATTENTION ! Le contenu de cette vidéo est extrêmement violent et peut être choquant." Mais face au tollé, Facebook se retrouve vite dans l'obligation de supprimer la vidéo de son site. Le réseau fait par ailleurs savoir qu'il travaille à une modification de ses critères d'autorisation des vidéos dans le sens d'une plus grande sévérité.
L'entreprise reconnaît à demi-mot une erreur, tout en maintenant son raisonnement : "Sur la base de ces normes améliorées, (...) nous en avons conclu que ce contenu glorifiait la violence de manière déplacée et irresponsable. Pour cette raison, nous l'avons enlevée", indique Facebook.
Le communiqué explique que Facebook doit encore prendre position sur les images de violence pour savoir si certaines images équivoques, comme la vidéo d'un attentat terroriste, sont dans l'intérêt du public ou sont au contraire partagées pour "un plaisir sadique".
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