Un possible arc-en-ciel gigantesque observé sur une exoplanète

On doit cette observation au télescope spatial européen Cheops, spécialisé dans l'étude des planètes situées en dehors de notre système solaire.
Article rédigé par Louis San
France Télévisions
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Temps de lecture : 2 min
Vue d'artiste illustrant un phénomène "Glory" sur l'exoplanète WASP-76b, qui se trouve à 637 années-lumière de la Terre. (ESA)

Un immense arc-en-ciel extraterrestre, très loin de chez nous. C'est ce que pensent avoir observé les équipes du télescope spatial européen Cheops, spécialisé dans l'étude des exoplanètes, c'est-à-dire des planètes situées hors de notre système solaire.

L'Agence spatiale européenne a publié un communiqué, vendredi 5 avril, rapportant l'existence d'un potentiel phénomène glory sur la planète gazeuse Wasp-76b, située à 637 années-lumière de la Terre. Comme le résume la Nasa, l'agence spatiale des Etats-Unis, un glory est un effet optique qui se caractérise par l'apparition, dans la brume ou du brouillard, de cercles concentriques de couleur allant plutôt du bleu au rouge, de l'intérieur vers l'extérieur. Ce type de phénomène survient sur Terre lorsque des gouttelettes d'eau filtrent la lumière, créant alors un arc-en-ciel. 

Ce n'est pas la première fois qu'un glory extraterrestre est observé. En 2011, la revue Nature rapportait qu'un phénomène similaire avait été identifié sur Venus, planète cousine de la Terre, située dans notre système solaire. Ici, la potentielle apparition d'un tel effet sur l'exoplanète Wasp-76b ne suggère pas nécessairement que de l'eau en suspension se trouve de façon massive dans son atmosphère ou que sa composition est semblable à celle de Vénus, mais plutôt qu'on peut y trouver des éléments stables dans le temps.

"Il y a une raison qui fait qu'aucun glory n'a été vu en dehors de notre système solaire : cela requiert des conditions très particulières" d'apparition et d'observabilité, explique Olivier Demangeon, principal auteur de l'article scientifique évoquant cette découverte et astronome à l'Institut d'astrophysique et de sciences spatiales du Portugal. "Premièrement, vous avez besoin de particules atmosphériques qui sont presque parfaitement sphériques, complètement uniformes et assez stables pour être observées sur une longue période", expose-t-il. Ensuite, "l'étoile la plus proche de la planète doit l'éclairer directement, et l'observateur – ici Cheops – doit être placé dans la bonne orientation".

Une pluie de fer fondu

Si la vue d'artiste du glory sur Wasp-76b peut inciter à la rêverie, cette planète est hélas loin d'être destination de choix pour un humain. L'une de ses faces est constamment tournée vers son étoile la plus proche, et les températures y atteignent quelque 2 400 degrés Celsius, souligne le département l'université de Genève (Suisse), dont l'une des équipes a participé à cette étude.

Sur la face nocturne de Wasp-76b, la température est moins élevée. Les éléments intensément réchauffés sur l'autre face, une fois évaporés, finissent par se condenser du côté plus sombre : on y trouve "des nuages de fer qui dégoulinent en pluie de fer", écrivent les universitaires suisse.

D'autres observations doivent désormais être réalisées pour pleinement confirmer le phénomène. Une validation impliquerait, selon l'université de Genève, que Wasp-76b dispose de nuages formés par des "gouttelettes parfaitement sphériques, existantes depuis au moins trois ans, ou qui se renouvelleraient constamment". De plus, la persistance de ces nuages signifierait que la température de l'atmosphère y est très stable. En clair, il se pourrait que du fer fondu pleuve presque de façon continue sur Wasp-76b. L'arc-en-ciel cacherait un enfer.

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