Cet article date de plus de neuf ans.

Pourquoi les comètes sont-elles si importantes pour comprendre nos origines ?

Article rédigé par Louis Boy
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
La comète Tchouri vue par la sonde Rosetta, le 3 août 2014. ( ESA / AFP)

Véritables vestiges de la création du système solaire, ces corps célestes faits de glace et de poussière auraient apporté l'eau et la vie sur Terre.

Un gros caillou composé de glace et de poussière, comme il en existe une infinité dans l'univers. La comète 67-P, sur laquelle va tenter de se poser le robot Philae, mercredi 12 novembre, n'a rien d'exceptionnel. Les comètes en soi, corps célestes en apparence insignifiants, ne font pas autant rêver que l'exploration du cosmos ou l'envoi d'astronautes sur d'autres planètes.

Et pourtant, cette tentative est un évènement sans précédent dans l'histoire de la conquête spatiale, et pas seulement parce que c'est la première fois que l'homme pose un engin à la surface d'une comète. Francetv info vous explique pourquoi les comètes comme Tchouri, pourraient détenir rien de moins que les secrets de la naissance de notre système solaire, et de la vie sur Terre.

Parce qu'elles sont des vestiges de la création du système solaire

Revenir 4,5 milliards d'années en arrière, à la création du système solaire, c'est ce que doit permettre l'analyse de la comète Tchouri. La Nasa décrit les comètes comme des "capsules temporelles" : des débris issus de la formation des planètes, et parfaitement préservés depuis. "Elles ont vécu l'immense majorité de leur vie très loin du Soleil", dans des ceintures d'astéroïdes, explique à l'AFP Francis Rocard, responsable du programme Rosetta au CNES, l'agence spatiale française. "Leur matériau n'a pas chauffé et n'a pas été modifié de ce fait". 

"Les comètes contiennent des échantillons du nuage protosolaire [le nuage de gaz à partir duquel le système solaire s'est formé] en fin d’effondrement, et ont piégé l’ensemble des ingrédients minéralogiques et moléculaires qui s’y trouvaient" explique à Libération Jean-Pierre Bibring, le responsable scientifique du robot Philae. Les forages effectués par ce dernier "nous offrent donc d’accéder à ces 'conditions initiales' qui ont modelé les destins planétaires", et ainsi de mieux comprendre ce qui fait la spécificité de notre système solaire dans l'univers.

Parce que c'est sans doute par les comètes que l'eau est arrivée sur Terre

Il n'y a pas toujours eu de l'eau à la surface de notre planète. Les scientifiques pensent que l'eau primitive, présente à sa création, se serait évaporée, car la surface de la Terre était trop chaude. "L’essentiel de l’eau (...) a été apporté par des objets formés à plus grandes distances, où la température permettait à la glace d’être stable" estime Jean-Pierre Bibring. Ces objets, ce seraient les comètes et les astéroïdes qui ont bombardé la surface de la Terre, de sa création jusqu'à il y a 600 millions d'années. 

La tâche de Philae sera donc d'analyser la composition de la glace qui constitue une grande partie de la surface de la comète Tchouri. Si celle-ci est comparable avec la composition de l'eau des océans, et notamment si elles ont un ratio d'atomes d'hydrogène et de deutérium proche, l'hypothèse d'une origine extraterrestre de l'eau serait fortement confortée.

Parce qu'on pourrait y trouver les molécules qui ont créé la vie

Si l'eau est un élément crucial de la vie sur Terre, elle n'explique pas à elle seule son apparition. "Une chimie organique complexe est nécessaire pour fabriquer de la vie" confirme Francis Rocard. "La chute de comètes a pu ensemencer les océans avec des molécules organiques complexes". En réagissant dans ce nouveau milieu, ces molécules ont pu constituer "une chimie pro-biotique", c'est-à-dire entraîner l'enchaînement de réactions chimiques qui a conduit à l'apparition des premières membranes, puis des premières cellules, et donc du vivant.

La mission de Philae est donc de rechercher, sur la comète, ces "briques élémentaires" de la vie sur Terre. En 2006, une sonde avait analysé la poussière de la queue d'une autre comète, et détecté la présence d'acides aminés, cruciaux dans la formation des protéines chez les êtres vivants. Cette fois-ci, les scientifiques s'intéressent en particulier aux molécules organiques qui composent le noyau de la comète, et contiendraient du carbone, un élément crucial dans cette chimie du vivant.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.