La Nasa promet des révélations sur Mars : la communication, le nerf de la guerre de l'agence américaine
Un pur effet d'annonce ? L'agence spatiale affirme avoir "résolu un mystère" à propos de Mars et doit révéler une "découverte scientifique majeure" en fin d'après-midi.
C'est un mystérieux mystère que la Nasa annonce avoir résolu. L'agence spatiale américaine a donné rendez-vous lundi 28 septembre, à 17h30, pour une conférence de presse durant laquelle elle promet de révéler "une découverte scientifique majeure" à propos de Mars. D'après L'Express, elle pourrait confirmer l'existence ancienne d'un océan sur la planète rouge. La présence de Lujendra Ojha, auteur d'une étude affirmant que de l’eau coule toujours sur Mars lors des mois chauds, laisse aussi la place à cette autre possibilité. En tout cas, la Nasa sait mettre... l'eau à la bouche du public.
Alors que l'ESA, l'agence spatiale européenne, a récemment rattrapé son retard en la matière, en parvenant à passionner le public grâce à la mission Rosetta, la Nasa a contre-attaqué en publiant des clichés de Pluton ou en révélant l'existence de Kepler-452b, une exoplanète cousine de la Terre. Et maintenant ces révélations sur Mars... Francetv info s'est intéressé à la manière dont l'agence américaine a toujours intégré la communication à son approche scientifique.
Quand la Nasa négocie des exclusivités avec les médias
Dans son livre L'Etoffe des héros, le journaliste et romancier Tom Wolfe revient sur le projet Mercury, pionner de la conquête spatiale américaine. Lancé en 1958, en pleine guerre froide, le programme vise à envoyer un homme dans l'espace pour la première fois de l'histoire. Sept astronautes sont sélectionnés, un partenariat est même signé pour 500 000 dollars entre les "sept" et le magazine Life, qui sera le seul à pouvoir les interviewer, eux et leurs épouses.
Dès ses débuts, donc, l'agence spatiale américaine soigne ses relations avec les médias et son story-telling, c'est-à-dire la manière dont elle raconte sa propre histoire. Sauf que les Soviétiques humilient les Etats-Unis, avec le vol de Youri Gagarine dès le mois d'avril 1961. Qu'importe, la Nasa fera parader ses astronautes en héros, premiers Américains à avoir atteint l'espace, comme l'écrit (avec une certaine ironie) Tom Wolfe.
Quand la Nasa use de l'image pour "vendre" ses missions
Quelques années plus tard, l'Amérique prend sa revanche sur l'URSS. Le 20 juillet 1969, Buzz Aldrin et Neil Armstrong deviennent les premiers hommes à marcher sur la Lune. Un exploit retransmis en direct à la télévision, et suivi par plus de 500 millions de personnes dans le monde. "C'est un petit pas pour l'homme, mais un grand pas pour l'humanité", déclare Neil Armstrong. Une phrase restée dans la postérité.
La Nasa a bien compris le pouvoir de l'image. Entité civile, elle doit montrer des résultats au peuple américain. "Sur chaque sonde qu'elle envoie, sur chaque mission, même si elles ne sont pas là pour faire des images, il y a une petite caméra, ce qui n'est pas le cas des missions européennes", analysait en 2013 Philippe Henarejos, le rédacteur en chef de Ciel et Espace, sur France Inter. Et le responsable de la revue spécialisée de continuer : "Si vous faites des missions très coûteuses, avec l'argent du contribuable, il faut lui montrer ce que l'on va faire, où l'on va. C'est à la fois pédagogique, mais aussi pour vendre les missions suivantes et montrer que c'est fantastique, et qu'on est les meilleurs."
Quand la Nasa s'associe avec Hollywood
Car c'est bien là l'enjeu : le soft power. Autrement dit, étendre l'influence américaine à travers le monde. Cette lutte de pouvoir passe aussi par le cinéma. Alors, la Nasa – et toute la communauté scientifique en général, relève Courrier international –collabore avec Hollywood. L'objectif : adapter ses propres exploits sur grand écran (on pense à Apollo 13 ou à L'Etoffe des héros) et rendre les films de science-fiction plus crédibles. C'est ainsi que l'agence spatiale américaine joue parfois un rôle de consultante, par exemple, sur Armageddon avec Bruce Willis et Ben Affleck. Difficile, cependant, d'imaginer comment la Nasa a pu rendre crédible ce scénario dans lequel des foreurs de pétrole deviennent astronautes pour sauver le monde alors que des astronautes auraient pu apprendre à forer.
Bientôt en salles, Seul sur Mars a également bénéficié du soutien de la Nasa, qui a bien voulu répondre à toutes les questions de Ridley Scott, le réalisateur, et de son équipe, note le site Popular Science (en anglais). Il faut dire que le film donne à voir un astronaute incarné par Matt Damon, perdu sur la planète rouge, où il doit tout simplement survivre. Se rendre sur Mars, c'est justement le futur objectif de l'agence spatiale...
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