L'Univers va-t-il mourir ?
Notre Univers a beau être presque infini, il dégage de moins en moins d'énergie et va progressivement s'éteindre, selon une étude internationale. Un astronome de l'Observatoire de Paris précise cependant qu'il ne faut pas s'attendre à une telle disparition avant plusieurs milliards d'années. Si elle survient un jour.
Si vous pensiez que l'Univers est éternel, détrompez-vous : ses jours seraient comptés. Une étude internationale, pilotée par le Centre international pour la recherche en radioastronomie (Icrar), en Australie, et dévoilée le 10 août dernier, a établi qu'il se dégage aujourd'hui, dans l'Univers, moitié moins d'énergie qu'il y a deux milliards d'années.
L'Univers serait en déclin, et ses lumières vont s'éteindre les unes après les autres dans les milliards d'années à venir, estiment ces scientifiques. Peut-il mourir ? Francetv info a posé la question à François Hammer, chercheur au Gépi, le département de l'Observatoire de Paris spécialisé dans l'étude des étoiles et des galaxies.
Francetv info : L'Univers dégage deux fois moins d'énergie qu'il y a deux milliards d'années. Est-ce une surprise ?
François Hammer : Ce n'est pas une surprise. Depuis les années 1990, on sait que l'activité de formation stellaire de l'Univers – le nombre d'étoiles qui se créent – est décroissante. A l'époque, on avait découvert qu'elle était dix fois moins importante qu'il y a huit milliards d'années. Mais cette nouvelle étude, plus précise, a permis d'établir qu'elle avait diminué de moitié lors des deux derniers milliards d'années. Cette énergie est dégagée par les étoiles : si elle diminue, cela signifie que les étoiles sont moins nombreuses ou moins lumineuses. Et qu'il y a moins de nouvelles étoiles.
Comment expliquez-vous ce phénomène ?
Ces nouvelles étoiles se forment quand deux galaxies entrent en collision. Mais, au fur et à mesure que les galaxies se rencontrent et fusionnent, elles sont moins nombreuses. Dans le même temps, l’Univers est en expansion, et cette expansion s’accélère… Il y a donc moins de chances de collision : il y avait beaucoup de galaxies dans un petit espace et, aujourd'hui, il y a moins de galaxies dans un beaucoup plus grand espace. De plus, lors de ces collisions, les étoiles se forment à partir de gaz, de gaz congelé. Or la quantité de ce gaz dans l'Univers diminue petit à petit.
L'Univers va mourir, alors ?
C’est difficile de parler de mort de l’Univers. Même s'il y a moins de nouvelles étoiles, cela ne signifie pas qu'il n'y en a plus aucune ! Et certaines, qui se créent aujourd'hui, vivront dix milliards d’années, la durée de vie de notre Soleil. Les collisions de galaxies sont plus rares, mais pas inexistantes : dans quatre à cinq milliards d'années, par exemple, notre propre galaxie va rencontrer la galaxie d'Andromède, et de nouvelles étoiles naîtront.
L'Univers est comme une gigantesque toile d'araignée, et les galaxies sont situées sur ses filaments : sans cela, les chances qu'elles se croisent dans l'univers seraient extrêmement faibles. A la jonction de ces filaments se forment des amas de galaxies : des objets tellement grands que leur force d'attraction est considérable. Ces amas continuent d'absorber toujours plus de galaxies, ce qui crée de nouvelles étoiles.
Je ne pense pas que toutes les lumières vont s'éteindre, ou alors dans 100, 200, 1 000 milliards d'années. Or, rappelons que l'Univers a lui-même un peu moins de quatorze milliards d'années…
Simon Driver, qui a dirigé l'étude de l'Icrar, explique que "l'Univers s'est écroulé sur son sofa, a ramené la couverture à lui et s'apprête à dormir d'un sommeil éternel". Que pensez-vous de cette image ?
Je la trouve assez fausse, car elle donne l’impression qu’il ne se passera plus aucun événement dans l'Univers. On ne peut pas l'affirmer comme cela. Ce qui est vrai, en revanche, c'est que, dans le passé, l'Univers était extrêmement actif, peut-être même trop. Il y a huit milliards d’années, les galaxies ne cessaient d'entrer en collision, et de nouvelles étoiles se formaient à une fréquence très intense, au point que cela empêchait toute formation de vie dans l'Univers. Les radiations étaient tellement considérables que les molécules complexes, et donc la vie, étaient détruites très rapidement. Aujourd'hui, on va vers un Univers plus calme, plus clément, plus propice à l'apparition de la vie. Cette tranquillité a du bon. Si on veut vraiment employer une métaphore, c'est comme une mer qui serait passée d'une tempête à une houle de plus en plus légère.
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