Une conférence visant à examiner lafaisabilité et l'utilité du voyage vers Mars réunitdepuis lundi à Washington certainsdes plus grands spécialistes du sujet, parmi lesquels Buzz Aldrin, deuxièmehomme à avoir marché sur la Lune, et Dennis Tito, milliardaire américainet premier "touriste de l'espace". La conférence se tient sous la houlette de la NASA, avec la bénédictionde son directeur Charles Bolden, premier astronaute afro-américain et proche deBarack Obama. Selon le programme spatial du Président américain, la priorité serait d'abord de se poser sur des astéroïdes autour de la Lune, puis d'aller vers l'orbite de Mars, sans en fouler le sol.Les yeux tournés vers la planète rouge, les spécialistes réunis à Washington estiment pourtant qu'une mission habitée versMars est du domaine du possible dans les 20 prochaines années. Si l'on dépassetoutefois trois obstacles.La crise budgétaire à la NASAL'agence spatiale américaine ne reçoit que 0,5% du budgetfédéral comparé à 4% lors du projet Apollo de conquête de la Lune, dans les années Depuis quatre ans, il a perdu 5% de sa valeur, passant à 17,7 milliardsde dollars pour 2014, à comparer avec les 3,7 milliards d'euros de l'Agencespatiale européenne pour son budget 2010.Scott Hubbard, ancien responsable du programme d'explorationde Mars à la NASA, se déclare réaliste. "Aller sur Mars ne nécessite pas des miraclesmais de l'argent et un programme pour répondre aux défis technologiques ",déclare-t-il dans un entretien avec l'AFP.Le poids du véhicule spatialCette difficultétechnique est de taille : comment freiner la navette lors de sa descentedans l'atmosphère martienne ? Le robot Curiosity qui s'est posé sur laplanète rouge en décembre dernier pèse seulement une tonne. Chargée de soncarburant nécessaire au retour des astronautes, la navette que l'on enverra surMars pèsera quant à elle autour de 40 tonnes. Un moteur nucléaire pourrait alorsproduire assez d'énergie pour parcourir la distance Terre-Mars, qui varie de 56à 400 millions de kilomètres selon la position des deux planètes.La composante humaineLes robots comme Curiosity posent moins de problèmestechniques que les humains. Les astronautes devront affronter un isolement donton commence à peine à comprendre les effets psychologiques. En 2010, sixvolontaires s'étaient isolés pendant un an et demi dans le cadre la missionMars 500. Conclusion : l'homme peut survivre à un isolement de 500 jours. En revanche, les chercheurs ont plus de mal à saisir leseffets d'un long séjour dans l'espace sur l'organisme des astronautes. La pertede masse osseuse et musculaire liée à la faible gravité peut bien êtrecombattue, mais une sous-pression dans le crâne des astronautes peut causer certainsdommages, comme des problèmes de vision plus ou moins sévères. Les chercheurs ontobservé ce type de lésion chez des astronautes de la Station spatialeinternationale (ISS).Une concurrence publique et privéeOutre la NASA et l'Agence spatiale européenne, qui ont les budgets les plus importants, d'autresprétendants à la planète Mars pourraient revenir dans la course dans lesprochaines années. Après différents revers et avec un budget doublé, Roskomos,la " NASA russe ", pourrait réinvestir l'espace. La Chine construitelle aussi sa station spatiale permanente, et lansun long-métrage sorti la semaine dernière, c'était le tour du Liban de s'inventerun programme spatial.En 2001, l'homme d'affaires Dennis Tito a déboursé vingtmillions de dollars pour passer une semaine dans l'espace. Il est désormaistrop âgé pour s'envoyer à nouveau en l'air, mais a annoncé le lancement d'unenavette martienne pour 2018, avec deux nouveaux "touristes de l'espace"à son bord. Plus récemment , une capsule privée lancée par la sociétéaméricaine SpaceX a livré du matériel àl'ISS.Ces investissements privés d'un nouveau genre pourraient combler les trous dansle budget de la NASA et accélérer la recherche.