Cet article date de plus de treize ans.

Une lyonnaise de 31 ans s'est rendue compte vendredi soir qu'une pince avait été oubliée dans son ventre depuis six mois

Elle a vu la pointe de l'instrument transpercer son nombril.Après deux grossesses, elle décide de subir une abdominoplastie, une opération "sans risque particulier" consistant à retendre le ventre. Elle choisit un chirurgien "reconnu" dans la profession et qui lui a été "recommandé". Mais depuis, elle se plaint de maux de ventre.
Article rédigé par France2.fr avec agences
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Depuis le 1er janvier 2010, la Haute Autorité de Santé (HAS) a rendu  obligatoire une "check-list opératoire". (AFP PHOTO / JACK GUEZ)

Elle a vu la pointe de l'instrument transpercer son nombril.

Après deux grossesses, elle décide de subir une abdominoplastie, une opération "sans risque particulier" consistant à retendre le ventre. Elle choisit un chirurgien "reconnu" dans la profession et qui lui a été "recommandé". Mais depuis, elle se plaint de maux de ventre.

Des douleurs que son médecin attribue aux "suites opératoires normales".

Vendredi soir, après une "bonne crise de toux", elle ressent une violente douleur: "j'ai eu l'impression qu'on me déchirait le ventre et j'ai découvert une tête en inox qui sort de mon nombril", a raconté mardi à la presse la jeune femme blonde, encore choquée par sa mésaventure.

"Ca fait six mois que c'est là, on n'est plus à un jour près", tempère la clinique
"Paniquée", Anne tente de joindre en vain le cabinet du chirurgien, puis les urgences de la clinique où il l'a opérée. On lui dit alors que "c'est pas bien grave, que ça fait six mois que c'est là, qu'on n'est plus à un jour près". Et que de toute façon, elle a normalement rendez-vous pour un contrôle lundi avec son chirurgien.

Anne passera un scanner, dimanche matin, dans une autre clinique. Qui révèlera distinctement l'image d'une pince chirurgicale d'environ 10 cm au milieu du ventre.

"Heureusement que ça m'arrive en fin de carrière", aurait dit le chirurgien
"A force d'insistance" de son avocat, elle obtiendra finalement que son chirurgien la réopère lundi après-midi pour retirer la "pince oubliée". "A aucun moment il s'est excusé. Il m'a dit +heureusement ça m'arrive en fin de carrière+. Pour lui c'est un +oubli+, +rien de bien dramatique+, il n'a pas pris le temps de prendre conscience de mon mal-être, du traumatisme", soupire la jeune femme révoltée de cette "désinvolture".

Comble du "cynisme", le chirurgien lui a assuré que cette nouvelle opération était son "cadeau de Saint-Valentin" et qu'elle "avait droit à une opération gratuite".

La victime s'étonne de la réponse de l'équipe chirurgicale. Celle-ci n'est pas tenue de recompter les instruments, mais"seulement les éléments infectieux" comme des "compresses". Or, depuis le 1er janvier 2010, la Haute Autorité de Santé (HAS) a rendu obligatoire une "check-list opératoire", comprenant notamment le décompte du matériel.

Le chirurgien évoque un problème "extrêmement rare"
"Ma cliente estime que ce médecin a des comptes à rendre et entend le poursuivre au pénal", assure son avocat, Me Jean Sannier, nuançant toutefois: si le comportement du médecin venait à être modifié il n'est pas certain qu'elle reste sur ce positionnement". Il va demander une "expertise médico-légale qui permettra d'analyser la situation et de caractériser une infraction de blessures involontaires par négligence".

Joint par l'AFP, le docteur Bernard Dessapt a affirmé n'avoir eu connaissance du problème que lundi matin, qui de surcroît est "extrêmement rare". "J'ai vu la patiente une fois en consultation depuis la consultation normale du deuxième mois et elle ne s'est pas plainte à ce moment-là", a-t-il dit.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.