Mélina Robert-Michon : "Il faut sensibiliser les athlètes et les entraîneurs" à l'incontinence urinaire d'effort
La championne française du lancer de disque souligne la nécessité de tenir compte du périnée dans la pratique sportive.
Vice-championne olympique du lancer de disque à Rio en 2016, Mélina Robert-Michon est également mère de deux enfants. Pour franceinfo: sport, elle évoque la nécessité de prendre en compte le périnée lors de la pratique sportive, la question de l'incontinence urinaire d'effort ainsi que sa rééducation périnéale à l'issue de sa première grossesse.
Franceinfo: sport : Avant votre premier enfant et au début de votre carrière, avez-vous fait attention à préserver votre périnée durant vos entraînements ?
Mélina Robert-Michon : Pas spécifiquement. Je n'ai jamais fait d'exercices centrés sur cette zone. Mais, j'ai eu la chance d'avoir un entraîneur qui accordait une grande importance à la globalité du corps. Je n'avais pas forcément ressenti le besoin, car je pense que, indirectement, il faisait attention à la manière de faire les exercices, notamment les abdominaux. Il n'appliquait pas vraiment les méthodes à l'ancienne et était déjà en avance. Par exemple, il avait recours au ballon lors des exercices de renforcement musculaire.
À quel moment de votre carrière avez-vous eu conscience qu'il était primordial de prendre en compte le périnée ?
Ce sont des articles qui m'ont permis d'en prendre conscience, des choses que j'ai pu lire ou auxquelles j'ai assisté. Heureusement, je n'ai pas eu de fuites urinaires. Mais, j'en ai entendu parler par d'autres athlètes. C'est quelque chose qui me choque. Je me mets à la place des jeunes et je me dis que cela ne doit pas être facile à vivre.
Avez-vous été davantage vigilante durant votre grossesse ?
La sage-femme m'avait très bien sensibilisée sur la période post-partum. Elle m'a dit qu'il fallait faire très attention au périnée après l'accouchement. Je le savais déjà pour avoir échangé avec d'autres athlètes étant passées par là. Je voulais absolument retrouver le même corps qu'avant ma grossesse, même si ce n'est jamais tout à fait pareil. Je voulais à tout prix éviter les fuites urinaires. Je me rappelle avoir dit à la sage-femme : "S'il faut que je fasse 50 séances, je les ferai, aucun problème !"
Fille, femme, maman ou tout à la fois, soyons fières de ce que nous sommes. Avançons tous ensemble contre les préjugés d'un autre temps, afin que rien ni personne ne nous empêche d'exister et de nous réaliser ! #JourneeDesDroitsDesFemmes pic.twitter.com/L1ubxzNiYe
— Melina Robert-Michon (@melrobertmichon) March 8, 2021
Comment cela s'est-il passé ensuite ?
J'ai effectué la rééducation périnéale commune à toutes les femmes. Mais finalement, la sage-femme m'a dit que j'avais fait une grossesse à terme. Mon périnée était bien abîmé, comme ça peut parfois être le cas. J'ai donc fait beaucoup de séances, car c'était une zone à laquelle j'accordais énormément d'importance. Je savais qu'en tant qu'athlète de haut-niveau, mon périnée allait être soumis à des tensions supérieures à la normale. Mon préparateur physique a été très attentif à cela. J'ai pris le temps de bien revenir, sans précipiter les choses. J'ai attendu d'avoir terminé la rééducation périnéale afin de reprendre certains exercices.
Prenez-vous toujours en compte le périnée dans votre pratique sportive ?
Après mes deux grossesses, j'y fais forcément plus attention. Je pense qu'on en entend davantage parler aujourd'hui. À la Fédération française d'athlétisme (FFA), une gynécologue est venue sensibiliser les jeunes athlètes sur le sujet lors d'un stage. Il faut leur en parler dès l'adolescence et ne pas attendre.
Certains exercices peuvent paraître anodins pour l'athlète, mais ils sont en réalité très mauvais pour le périnée. Je pense notamment à tout ce qui touche la sangle abdominale, dont les abdominaux et les exercices avec charges. Ce sont des exercices que les coachs ont toujours fait faire, sans forcément se poser la question et en tenir compte. Ce sujet ne doit plus être tabou : il faut sensibiliser les athlètes mais aussi les entraîneurs sur la question.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.