Vers un encadrement de la médecine traditionnelle chinoise ?
La médecine traditionnelle chinoise, à la mode en Occident, doit être encadrée et soumise aux mêmes critères d'exigence que la médecine conventionnelle, ont averti le 7 novembre les académies européennes de science et de médecine.
"Les académies mettent en garde contre un usage non réglementé de la médecine traditionnelle chinoise", ont en effet indiqué dans un communiqué ces deux instances, l'EASAC et la FEAM, qui regroupent les académies des sciences et de médecine des pays européens. La médecine traditionnelle chinoise regroupe plusieurs pratiques dont les principales sont l’acupuncture, le massage et la pharmacopée.
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La médecine chinoise dans la Classification de l’OMS
Les académies européennes demandent "une révision du cadre de régulation européen pour s'assurer que la médecine traditionnelle chinoise est traitée selon les mêmes standards de preuve que la médecine conventionnelle".
Cette prise de position est une réaction à la création d'un chapitre sur la médecine chinoise dans la dernière Classification internationale des maladies, document de référence actualisé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui fournit un langage commun grâce auquel les professionnels de la santé peuvent échanger des informations sanitaires partout dans le monde. La nouvelle classification, appelée CIP-11, a été publiée en 2018 puis officiellement adoptée en mai 2019. Elle entrera en vigueur le 1er janvier 2022.
Risque d’effets secondaires et de retard de prise en charge
"Le fait que l'OMS ait inclus un chapitre sur la médecine traditionnelle chinoise ne veut pas dire qu'on peut automatiquement l'utiliser sans preuve solide de sa sûreté", a estimé le professeur suédois Dan Larhammar, président du groupe d'experts des académies européennes.
"Certaines médecines traditionnelles chinoises peuvent avoir de sérieux effets secondaires et interagir avec d'autres traitements", a renchéri un autre expert, le professeur Jos van der Meer, ancien président de l'EASAC.
Autre risque de cette médecine, celui d’un retard de prise en charge et donc d’une perte de chance pour les malades : "Certains patients peuvent courir le risque que leur maladie grave soit traitée inefficacement et que le recours à la médecine conventionnelle soit retardé", a poursuivi le professeur Van des Meer.
Des effets bénéfiques possibles, mais à prouver
"Il y a des exemples de médecines traditionnelles chinoises qui ont prouvé, à travers des essais cliniques rigoureux, qu'elles pouvaient avoir des effets bénéfiques, par exemple le traitement à l'artémisinine contre le paludisme", a rappelé le professeur Larhammar. La pharmacologue chinoise Tu Youyou avait ainsi reçu en 2015 le prix Nobel de médecine pour avoir extrait d'une plante citée par la médecine traditionnelle la principale molécule utilisée aujourd'hui contre le paludisme, l'artémisinine.
"D'autres effets bénéfiques restent peut-être à découvrir, mais cela ne veut en aucun cas dire que toute affirmation peut être acceptée sans regard critique", a finalement ajouté le professeur Larhammar.
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