Les Français sont-ils en meilleure santé que les autres Européens ?
Ce qui va moins bien qu’ailleurs
La surprescription d’antibiotiques. La surprescription d'antibiotiques est un point noir : dans l'OCDE, seule la Grèce en consomme davantage, selon l’édition 2017 du rapport sur la santé dans le monde, publié vendredi par l’OCDE, une organisation qui regroupe 35 pays développés. "En France, l'utilisation des antibiotiques est supérieure de près de 50% à la moyenne des pays de l'OCDE", est-il écrit. La consommation de la France se monte à 30 "doses quotidiennes définies" (une unité de mesure statistique) pour 1.000 habitants, contre 20 en moyenne dans les pays de l'OCDE. A titre d'exemple, le pays qui en consomme le moins, les Pays-Bas, affiche un score trois fois inférieur à celui de l'Hexagone. En France, on estime que la résistance antibiotique cause 12.500 décès par an, des chiffres "probablement sous-estimés", soulignait un rapport remis mi-septembre au ministère de la Santé.
Trop d’enfants non vaccinés contre la rougeole. 9% des enfants âgés d’un an n’étaient pas vaccinés contre la rougeole en 2015. Presque le double de la moyenne, 5%, des pays de l’OCDE. Un chiffre qui résonne dans l’actualité de 2017, puisqu’une jeune fille de 16 ans non vaccinée est décédée le 27 juin à Marseille, à cause de ce virus particulièrement contagieux. "Le taux de vaccination des enfants contre l’hépatite B est également particulièrement faible, écrit en outre l’OCDE, la France se classant en avant-dernière position devant le Mexique." Mais selon l’organisation, la mesure visant à rendre obligatoire 11 vaccins à partir du 1er janvier 2018 pourrait permettre d’atteindre une couverture vaccinale de 95% pour toutes les pathologies visées.
Encore trop de fumeurs. 22,4% de la population fument tous les jours en France, contre 18,4% de moyenne dans les pays de l’OCDE. "La prévalence du tabagisme chez les jeunes âgés de 15 ans est également inquiétante", écrit l’OCDE. 19% des adolescents de cet âge fument au moins une fois par semaine, soit 7% de plus que la moyenne de l’OCDE. Avec ce taux, la France figure à une peu enviable troisième position dans ce classement.
3 litres d’alcool au-dessus de la moyenne. Comme pour la cigarette, les Français font pire que les autres membres de l’OCDE en ce qui concerne l’alcool. La consommation de boissons alcoolisées a pourtant diminué de 14% au cours des 30 dernières années dans le pays. Mais elle demeure "parmi les plus élevées dans les pays de l’OCDE". Un Français consomme en moyenne 11,9 litres d’alcool pur par an, contre 9 dans les pays de l’OCDE.
Des séjours à l’hôpital encore longs. De 2003 à 2014, la durée moyenne de séjour dans un hôpital français est passée de 11,7 à 10,1 jours. Une baisse "plus timide que dans les autres pays de l’OCDE", observe l’institution. Cette durée est la troisième plus élevée dans les 35 pays étudiés, derrière le Japon et la Corée du Sud. La "pertinence des soins" pourrait toutefois être améliorée à l’avenir par "la forte croissance de la chirurgie ambulatoire sur certains soins et la volonté affichée par la France de prolonger cet effort dans le nouveau projet de loi de financement de la Sécurité sociale", conclut l’OCDE.
Ce qui va mieux qu’ailleurs mais qui n’est pas réjouissant
Plus de personnes en surpoids. "Le nombre d’adultes en surpoids ou obèses en France est toujours plus faible que dans la plupart des autres pays de l’OCDE", rassure dans un premier temps le rapport de l’organisation. Cependant, ce nombre a crû de 2002 à 2014. L’augmentation la plus visible se situe chez les garçons de 15 ans : plus 16% en douze ans ! L’OCDE recommande de mettre en place un "vaste éventail de mesures", tout en soulignant les récents progrès instaurés, citant l’étiquetage "Nutri-score" affiché dans certains supermarchés ainsi que la modulation de la Taxe Soda en fonction du taux de sucre des boissons.
Ce qui va mieux qu’ailleurs
Les Français vivent plus longtemps. Avec 82,4 ans d’espérance de vie moyenne, la France se classe sixième. Le Japon, premier, se situe à 83,9 ans tandis que la moyenne de l’OCDE dépasse légèrement les 80 ans (80,6). Un indicateur positif qui s’explique notamment par le "faible taux de mortalité par crise cardiaque", relève le rapport. Cependant, vivre plus longtemps ne veut pas forcément dire vivre en bonne santé : en France, le taux de démences (maladie d'Alzheimer, etc.) est supérieur à celui de la moyenne de l'OCDE (20 pour 1.000 habitants contre 15), car la population française est plus âgée.
Un faible reste à charge pour les patients. La sécurité sociale et les "dispositifs de couvertures complémentaires" sont loués par le rapport. Les dépenses restant à la charge des patients en France sont "les plus faibles parmi les pays de l’OCDE", puisqu’elles ne représentent que 7% des dépenses totales de santé. De quoi faciliter l’accès aux soins de toute la population, et ce même pour les plus démunis.
Des ressources importantes allouées à la santé. Si l’on prend en compte la dépense par habitant, la France débourse 15% de plus pour la santé de ses citoyens que la moyenne des autres pays cités dans le rapport. En proportion du PIB, la France se classe 5e derrière les États-Unis, la Suisse, l’Allemagne et la Suède. Le nombre d’infirmiers ou de médecins se situe autour de la moyenne des 35 pays, mais il y a bien plus de lits d’hôpital en France : "6,1 lits pour 1000 habitants contre 4,7 lits en moyenne", chiffre l’OCDE.
Avec AFP
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.