C'est l'une des premières transplantations en France. Jean-Pierre Saliège a du mal à réaliser qu'il vit avec le rein de sa mère depuis plus de 50 ans : "Je vis une vie tellement normale que je n'y pense pas", avoue-t-il. Âgé de 70 ans, Jean-Pierre va encore en boîte de nuit. Adepte de rock 'n' roll, de moto et passionné par la conquête de l'Ouest américain, son look détonne dans les rues du Mans, où il habite : chapeau, redingote, bouc et moustache noirs soignés façon "Buffalo Bill". En 1968, il a tout juste 20 ans et des reins qui ne fonctionnent plus.Il me restait 15 jours à vivre. Le professeur a dit à ma mère : 'Perdu pour perdu je vais faire une expérience'.Jean-Pierre SaliègefranceinfoUn peu plus de 50 ans après, l'hôpital Foch de Suresnes décide de lui organiser une cérémonie. À l'époque, les chirurgiens de l'hôpital sont des pionniers de la greffe de rein. La technique est alors encore balbutiante. Sa mère se porte volontaire et donne un rein à son fils. Il raconte : "Il y avait un grand champ stérile qui nous séparait, une quarantaine de médecins avec des gants, des blouses, des masques."Aujourd'hui Jean-Pierre se porte à merveille et c'est un "exploit" commente Renaud Snanoudj, actuel néphrologue à l'hôpital Foch : "On n'avait pas de recul. Les patients décédaient assez vite, car on n'avait pas les antibiotiques pour prévenir les infections. Le traitement n'était pas très efficace pour éviter le rejet", explique le spécialiste.Ma mère m'a donné deux fois la vie. Ça mérite des remerciements.Jean-Pierre SaliègefranceinfoDe nos jours encore, la moitié des reins greffés ne fonctionnent plus au-delà de 14 ans. Sa longévité, Jean-Pierre Saliège l'attribue à un moral d'acier qui lui a permis de surmonter par la suite trois cancers de la peau et un cancer du côlon. Reportage franceinfo de Solenne Le Hen écouter