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Sida : trois graphiques qui montrent pourquoi la partie n'est pas encore gagnée

Si la rémission d'une jeune Française infectée par le virus depuis la naissance constitue une première porteuse d'espoir, plusieurs données récentes montrent que la lutte contre le sida s'annonce encore longue.

 

Article rédigé par Vincent Matalon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une patiente atteinte du sida sur le point de prendre ses traitements antirétroviraux, le 23 juillet 2012 à New Delhi (Inde). (ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP)

La nouvelle, présentée lundi 20 juillet lors de la 8e conférence sur la pathogenèse du VIH à Vancouver (Canada), a fait souffler un vent d'optimisme dans les laboratoires de recherche. Une jeune Française de 18 ans, infectée par le virus du sida depuis sa naissance, est en rémission alors qu'elle n'était plus sous traitement depuis douze ans.

Un cas pour l'instant unique au monde qui "peut être un pas vers la découverte d'un vaccin", a expliqué à France 2 le professeur Jean-François Delfraissy, directeur de l'Agence nationale de recherches sur le sida (ANRS).

Mais, en matière de lutte contre la maladie, la prudence reste de mise. Voici trois graphiques, tirés des dernières données publiées mardi 14 juillet par le programme des Nations unies de lutte contre le VIH (Onusida), qui montrent pourquoi la partie n'est pas encore gagnée.

Parce que les malades restent nombreux

Lors de la présentation du rapport, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a expliqué que le monde avait atteint l'un des huit grands objectifs du millénaire fixés par l'ONU en 2008 : arrêter la progression du sida. "L'épidémie a été enrayée et inversée", s'est-il réjoui depuis Addis-Abeba (Ethiopie), où était dévoilé le texte.

La baisse du nombre de nouvelles infections constitue en effet un vrai motif d'espoir. En 2014, un peu plus de deux millions de personnes ont ainsi contracté le virus dans le monde, contre 3,1 millions en 2000. Chez les enfants, cette diminution est encore plus significative, puisqu'elle atteint 58% durant cette même période (220 000 en 2014, contre 520 000 en 2000).

Mais, si la progression du virus est enrayée, le nombre de malades reste, en toute logique, en constante augmentation. L'ONU estimait à 8,95 millions le nombre de personnes séropositives en 1990, contre 36,87 en 2014. Un chiffre qui s'explique également par l'augmentation de l'espérance de vie des malades qui ont accès aux antirétroviraux, comme l'expliquait Le Figaro en juillet 2014.

Parce que moins d'un malade sur deux a accès aux antirétroviraux

Les traitements antirétroviraux ont considérablement amélioré les conditions de vie des malades. Une étude publiée fin juin révélait ainsi que les personnes qui bénéficiaient de ces soins dès le diagnostic de la maladie avaient 53% de risques en moins de mourir ou de développer une maladie liée au sida que d'autres patients, qui commençaient le traitement plus tard.

Mais, même si d'importants progrès ont été réalisés, moins d'une personne séropositive sur deux bénéficie de ce type de soin. Pour que chaque patient puisse être concerné et que la planète puisse atteindre l'objectif d'une "génération sans sida" d'ici quinze ans, selon les mots de Ban Ki-moon, plus de 29 milliards d’euros devraient être affectés chaque année à la lutte contre le sida. En 2015, 22 milliards de dollars y seront consacrés.

Parce que l'épidémie ne recule pas partout

Enfin, si la chute des nouvelles contaminations permet effectivement à l'ONU d'affirmer que l'épidémie de sida est enrayée au niveau mondial, les chiffres révèlent une certaine disparité au niveau régional. Entre 2010 et 2014, elles ont ainsi légèrement augmenté dans la région Asie-Pacifique.

En Amérique du Nord et en Europe, le nombre de personnes qui contractent chaque année le virus est faible par rapport à d'autres régions, mais quasi-constant depuis quinze ans. La France fait même partie des pays où le nombre de nouvelles contaminations a progressé de plus de 20% durant cette période, souligne le rapport.

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